Un autre article sur l'histoire des Oromo d'Étiopie, en français vous attend sur: http://lemmioromo.blogspot.com/
Cet article a été
traduit en français pour que les francophones ne puissent pas dire
qu'ils ne connaissent pas la situation politique et humanitaire de
l'Éthiopie, car il n'existerait pas de textes dans cette langue.
La situation récente
semble évoluer vers le mieux depuis l’élection du Premier
ministre Abi Ahmed, de père oromo
musulman et de mère amhara
chrétienne orthodoxe.
Cependant la situation
reste très fragile, comme nous le montre les événements récents
et un retour à un régime autoritaire n'est pas à exclure !
Bonne lecture.
Conquête,
Tyrannie et Ethnocide
Contre
les Oromo: une Évaluation
Historique
de la Conditions des
Droits
de l'homme en Éthiopie,
Mohammed
Hassen
Université
d'État de la Géorgie, Atlanta
Cet article tente
d’évaluer les conditions des droits de l’homme des Oromo sous
quatre régimes éthiopiens. À partir de la conquête et de
l’intégration du pays Oromo dans l’empire éthiopien, il fournit
une vue d’ensemble des brutalités et des déprédations dont les
oromos ont souffert de la part des Soldats et administrateurs
éthiopiens sous Menelik (entre 1880-1913) et les attaques concertées
contre le patrimoine culturel Oromo, la langue et l'identité
nationale pendant les six décennies où Haile Sellassie a dominé le
paysage politique éthiopien (1916-1974). Il examine ensuite la
violence contre l’identité nationale oromo et la tentative de
modifier la composition démographique du pays Oromo par le régime
militaro-socialiste éthiopien (1974-1991) et les violations massives
des droits de l'homme perpétrées contre les Oromo depuis 1992 au
nom de la démocratie et du fédéralisme.
Dans l’ensemble,
l’article montre que depuis plus d’un siècle, les oromos
subissent des attaques incessantes contre leurs droits individuels,
leur identité nationale, leurs institutions culturelles et leurs
organisations indépendantes. L’Éthiopie doit encore produire un
gouvernement qui respecte les droits de l'homme des Oromo.
Avant de poursuivre,
j’aimerais faire quelques mises en garde. Premièrement, la
définition des droits de l'homme varie en fonction de considérations
culturelles, historiques, politiques, économiques et idéologiques.
Dans cet article, je vais suivre la définition de Mahmood
Monshipuri: [...] la notion de droits de l'homme [...] renvoie aux
[...] Droits civils et politiques ; le droit à la vie, à la
vie privée, à un procès équitable, à être traité avec
humanité, prohibition de la torture et de l’esclavage, la liberté
de circulation et de séjour; le droit de ne pas être arrêté ou
détenu arbitrairement, la participation à la vie politique et
l’égalité de protection en vertu de la loi.
15
© Northeast African Studies (ISSN 0740-9133)
Vol.
9, No. 3 (New Series) 2002, pp. 15–50
Deuxièmement, « les
historiens, en général, sont plus à l’aise avec les événements
qui ont pu se régler au fil du temps. » Il est plus facile de
discuter de la situation des droits de l’homme des Oromo avant
1991, une époque qui appartient à l’histoire, que depuis 1991,
une période historique fortement contestée. Comme je l’ai noté
ailleurs, « le présent est un moment psychologique chargé
d’émotion ».
Bien qu’il soit possible
de présenter un tableau relativement objectif des conditions des
droits de l’homme des Oromo sur la base du dossier produit par des
écrivains éthiopiens et étrangers, on ne peut échapper à
l'accusation d’exagération du sort du peuple Oromo et de se livrer
à de la propagande contre le Front de Libération du Peuple Tigré
(TPLF).
Mon but est néanmoins de
documenter les conditions des droits de l’homme des Oromo en tant
qu’érudit fidèle aux canons et à la norme pratique de ma
discipline.
Si cet article encourage
les autres à écrire sur la situation des droits de l’homme en
Éthiopie, son objectif aura été atteint.
Troisièmement, les Oromo
n’ont pas d’amis influents en position de pouvoir parmi les
gouvernements et les médias occidentaux. les oromos de la diaspora
n’ont pas la force et les ressources numériques nécessaires pour
capter l’attention des gouvernements ou des médias. Par
conséquent, les souffrances des Oromo ont reçu une faible attention
internationale. L’apparente indifférence occidentale à la misère
des Oromos a encouragé les autorités du TPLF à poursuivre
impunément leurs violations des droits de l’homme des oromo. Je
crois que mon devoir envers les victimes de violations des droits de
l'homme est de « consigner leur situation afin qu’elles ne soient
pas oubliées par l’histoire et que l’histoire ne soit pas
réécrite pour dissimuler ou déformer des faits embarrassants ».
Cet article est une
tentative de contribuer de façon modeste à l’effort d’enregistrer
le passé dans sa totalité afin que les générations futures
n’aient pas à revivre leur passé torturé. L’espace ne me
permet pas de fournir un compte rendu complet de la situation des
droits de l’homme en Éthiopie entre les années 1880 et 2002.
Au lieu d’un examen
détaillé, je vais décrire les caractéristiques saillantes des
conditions des droits de l’homme vécues par le peuple Oromo au
cours du siècle qui a suivi les conquêtes de Menelik dans les
années 1880, et je vais me concentrer en particulier sur la période
postérieure à 1991.
Conquête,
exploitation, et acculturation:
période
impériale, 1880-1974.
Au cours de la seconde
moitié du XIXe siècle, le flux régulier de la technologie de
guerre européenne en Abyssinie et son absence (virtuelle ?) du
territoire Oromo a facilité et augmenté les raids abyssiniens pour
la capture d'esclaves et de bétail dans ces territoires, ce qui a
augmenté à son tour le désir des Abyssins pour une occupation
permanente du territoire Oromo.
À la fin du siècle, la
conquête et l’occupation du territoire Oromo avaient été
accomplies par le roi Ménélik du Shewa (1865-1869), plus tard
empereur d’Éthiopie (1889-1913). Bien que les Oromos aient mis en
place une forte résistance, les soldats de Ménélik ont utilisé la
supériorité de leurs armes
modernes européennes pour leur infliger de lourdes pertes. Ce sont
les Oromo de l’Arsi qui leurs opposèrent la plus forte et la plus
longue résistance (1879-1886) et subirent les plus lourdes
destructions. Expliquant la brutalité des conquérants, Abbas Haji
écrit : les mutilations semblent avoir été une stratégie bien
pensée et ont été systématiquement utilisées pendant la guerre
de conquête contre les sociétés montrant une résistance obstinée.
Après l’échec de
quatre campagnes dirigées par Ménélik en personne, l’armée du
Shoa [Shewa] était loin d'être victorieuse, alors ils ont introduit
la mutilation systématique de la main droite des hommes et de la
poitrine (du sein) droite des femmes, pour terrifier les Arsi et les
contraindre à abandonner leur lutte. On croyait qu’ils ne se
soumettraient jamais. Ces actions inhumaines, selon Mekuria Bulcha,
étaient destinées à augmenter l’impact psychologique sur la
résistance des oromos de l'Arsi. En septembre 1886, à un endroit
(lieu) appelé Azule, l’armée de Ras Darghe,
l’oncle de Ménélik, a
massacré 12000 oromos de l'Arsi; alors qu’à Anole, « des
milliers de membres et de seins mutilés ont été attachés autour
du cou des victimes qui ont été renvoyées dans leurs villages.
D’autres mains mutilées étaient
accrochées à un arbre
sous lequel les soldats du Shoa [Shewa] chantaient et
dansaient pour célébrer
cet exploit. » Les oromos de l'Arsi se souviennent de cet événement
jusqu’à ce jour comme « Bara harka fi harma muraa Anole »
(l’année de la mutilation des seins à Anole). La façon dont les
conquêtes ont été menées a eu des effets durables. Un voyageur
anglais qui a traversé le pays Arsi quatre ans après
la conquête, a dit ceci
au sujet des dévastations qu’il a observées : maintenant c'était
le temps pour les Terribles [Oromos] d’apparaître. Où était le
pays grouillant de guerriers lustrés ? Certainement pas ici ! Ce que
nous avons trouvé quand nous progressions était seulement quelques
villages pauvres d’une centaine de huttes chacun et les indigènes
présentaient l'aspect le plus abject imaginable. Il y a seulement
quatre ans, ils devaient être une belle race d’hommes. Ils
aimaient nous parler de leur ancienne gloire; leurs yeux
s’illuminaient, et ils oubliaient pour l’instant leur état
actuel. Maintenant les Abyssiniens sont les maîtres, et ces pauvres
gens ne sont que le reste d’une grande tribu. . . . L’Arussa
[Arsi Oromo], ici comme ailleurs, ont été considérés comme des
esclaves et ont même été vendus sur le marché en tant que tel.
Les troupes étaient bien
entraînées et armées de Remington ou de fusils français.
La nature impitoyable de
la guerre de Ménélik et la dévastation des Oromo ont constitué un
modèle suivi dans d’autres régions conquises et signifiaient plus
que des violations des droits de l’homme. Martial de Salviac, un
missionnaire français qui vécut dans le pays Oromo pendant la
conquête, a observé que la guerre de conquête de Ménélik et les
calamités naturelles qui ont suivi ont réduit la population Oromo
estimée à 10 millions en 1870 à 5 millions en 1900.
Alexander Bulatovich, un
officier russe qui a visité de vastes régions du territoire Oromo
entre 1896 et 1897 et a recueilli des informations à la fois des
soldats de Ménélik et de leurs victimes Oromo, a conclu que «
L’anéantissement épouvantable de plus de la moitié de la
population pendant la conquête a enlevé aux Galla [Oromo] toute
possibilité de penser à toutes sorte de soulèvement. »
Après les conquêtes, les
institutions Oromos du gouvernement autonome (y compris l’assemblée
« Chafee » ou le parlement) ont été abolies.
Les dirigeants autochtones
ont été liquidés ou cooptés, les terres confisquées et les
institutions culturelles détruites. Les conquérants interdirent les
pèlerinages religieux sur la terre d’Abba Muuddaa et pillèrent la
propriété des communautés établies et pastorales.
Comme indiqué
précédemment, la population des Oromo a été considérablement
réduite en raison des massacres commis dans de nombreux endroits par
les Abyssins.
Les massacres ont été
commis précisément pour les mêmes raisons que celles pour
lesquelles des génocides ont été commis tout au long de
l’histoire. Les savants ont observé qu’un fort désir
d’exploiter la richesse des conquis a été le facteur le plus
important dans le déclenchement du génocide. Comme on l’a fait
remarquer, « lorsque la richesse prenait la forme de terres fertiles
et d’autres ressources primaires [...] [elle] ne pouvait être
acquise que par l’occupation de la terre, l’asservissement ou
l’extermination de la population autochtone. »
De plus, « la plupart des
génocides ont été commis dans la construction et le maintien
d’empires ». Plus important encore, le génocide s’est produit
dans un climat politique où les différences entre les auteurs et
les victimes « étaient particulièrement importantes en termes de
religion, de langue, de manières, de coutumes, etc, alors que
d’autres étaient considérés comme moins que pleinement humains,
comme des païens, des sauvages ou même des animaux. » L’ambition
débridée de Ménélik d’exploiter « les terres vertes et
luxuriantes du pays Oromo et leurs produits illimités (or, civet,
ivoire et café) et [leurs] marchés prospères » était le
principal motif de son entreprise de construction d’empire, qui a
abouti à l’unique, massacre de masse des Oromo. Les soldats
abyssiniens ont été désinhibés dans leurs meurtres parce que les
Oromo étaient différents d’eux en termes de religion, langue,
coutume, culture, mode de vie, et de philosophie politique. Les
atrocités endurées par les Oromo lors de la conquête de Ménélik
constituent un génocide au sens strict du terme.
La guerre de conquête,
qui a produit des milliers de captifs pour l’empereur et ses
généraux, a intensifié la traite des esclaves et l’esclavage en
Éthiopie, gagnant pour Ménélik l’ignoble épithète du « plus
grand entrepreneur d’esclaves ». L’empereur chrétien
d’Éthiopie, connu pour avoir émis un certain nombre de
proclamations abolissant la traite des esclaves, aurait possédé
70000 esclaves domestiques au début du XXe siècle, tandis que ses
généraux et soldats étaient des esclavagistes qui ont dépeuplé
un certain nombre de domaines. Perpétuer l’esclavage dans les
régions conquises avait le double objectif de faire payer les
colonies pour leur propre conquête et de donner l’occasion
d’inculquer aux esclaves païens les vertus et l’amour chrétiens.
En effet, il était plus facile pour les Abyssiniens d’assimiler
les esclaves que les êtres humains libres. Les territoires conquis
des Oromo ont connu un déclin catastrophique de la population et des
niveaux d’exploitation sans précédent en raison de l’avarice
des gouverneurs coloniaux de Ménélik et des colons armés des
terres du nord, connues sous le nom de naftayna, qui reçurent des
terres et des ouvriers. Dans la plupart des régions, les deux tiers
des terres des Oromo ont été enlevées et réparties entre la
naftayna, l’église orthodoxe et l’État. Seulement un tiers
resta pour les Oromo, à condition qu’ils fournissent du travail
forcé aux colons armés, ainsi que des taxes, des droits et des
dîmes à la cour impériale et à l’église orthodoxe.
L’établissement colonial de Ménélik dans tout le territoire
oromo a été construit et soutenu par le travail des agriculteurs
Oromos, dont le statut a été réduit à celui de Gabbars (serfs).
Comme les colons armés n’étaient pas rémunérés et qu’ils ne
s’adonnaient pas à des activités productives, on leur a donné
les Gabbars Oromo au lieu d’un salaire « comme bien matériel à
posséder et à utiliser ». Des obligations lourdes et épuisantes
ont été imposées au Gabbar Oromo, qui, selon un chercheur, a dû
céder une partie du produit de sa terre au propriétaire comme
tribut. Le montant variait entre un quart et un tiers, mais il était
généralement plus élevé que le plafond légal qui ne devrait pas
être de plus de trois quarts ! En plus, il avait à payer un dixième
de son produit total pour la dîme. Il était également censé
fournir à son propriétaire du miel, de la viande et du bois de
chauffage, de l’herbe séchée et divers autres articles. Le
travail était un fardeau supplémentaire, il devait moudre la part
du propriétaire du grain, le transporter à sa résidence,
construire sa maison, entretenir ses clôtures, s’occuper de ses
animaux et agir comme porteur, escorte ou messager. Il y avait une
obligation de présenter des cadeaux pendant les fêtes religieuses
et autres occasions sociales. Les multiples exactions imposées aux
Gabbars Oromo ont entraîné la perte de portions considérables de
la production [Gabbars], d’un service de main-d’œuvre onéreux
et de nombreuses autres impositions. Quand les gouverneurs et leurs
partisans ont été transférés d’une région à l’autre, ils
ont emporté avec eux leurs Gabbars privés.
Réduit au statut de
Gabbar et contrôlé par les prédateurs naftayna, les Oromo se sont
vu niés non seulement les droits fondamentaux de l'homme, mais aussi
les droits fondamentaux de subsistance. La violation des droits de
subsistance des Oromo s’est poursuivie sous le régime de
l’empereur Hailé Séllassié. La politique de développement
limitée de l’empereur dans les régions Oromos ne montra aucun
souci pour leur vie. Par exemple, la concession de terres accordée à
une société néerlandaise (HVA) pour les plantations de sucres de
Wanji et de Metahara dans la vallée supérieure de la rivière Awash
a entraîné la dispersion des communautés oromos Jille et Karrayyu.
Après avoir perdu leur
pâturage traditionnel, la communauté des Jille s'est désintégré
et ils ont pratiquement disparu. La population Karrayyu est passée
de plus de 200 000 à moins de 10 000 aujourd’hui. Après avoir
perdu leurs pâturages traditionnels, les Karrayyu ont été forcés
de se réfugier dans des zones infestées par le paludisme où la
maladie mortelle s’est combinée aux attaques des forces
gouvernementales éthiopiennes et aux raids pour le bétail qui ont
accéléré leur destruction.
L’exploitation
économique s’est accompagnée d’une déshumanisation
socioculturelle et psychologique des Oromo. Aux yeux de nombreux
Éthiopiens, comme Donald Donham l’a vivement observé, les «
Galla étaient des païens. Ils n’étaient pas civilisés. Ye Galla
Chewa ye Gomen Choma yellem (il est impossible de trouver un Galla
gentleman comme il est impossible de trouver la graisse dans les
légumes) ou encore Galla Inna shinfilla biyatbutim aytera (même si
vous leur lavez, l’intérieur de l’estomac, un Galla ne sera
jamais propre). » Dans une expression amharique, les oromos ont été
assimilés à des excréments humains : « Gallana Sagara eyadar
yegamal » (Les Galla et les excréments humains puent de plus en
plus chaque jour qui passe). Dans une autre, même l’humanité des
Oromo a été interrogée : « Saw Naw Galla ? » (Est-ce humain ou
Galla ?). L’attaque contre la culture et l’identité des Oromo
faisait partie de la politique de remplacement par
la culture Amhara, qui a été poursuivie avec plus
d’intensité pendant le long règne d'Hailé Séllassié (1930-74)
dans le but d’assurer la domination de la culture amharique et le
pouvoir de l’élite Amhara. Afin de mettre en œuvre la politique
gouvernementale de remplacement
par la culture Amhara ou de destruction de la culture des Oromo, les
sanctuaires culturels et religieux oromo et les lieux de culte ont
été détruits. Les noms de lieux oromos ont été remplacés par
des noms amhariques. Il était interdit d’utiliser la langue oromo
pour la prédication, l’enseignement et l’écriture. L’identité
nationale oromo a été attaquée et le mode de vie oromo a été
condamné de toutes les façons. Le système d’éducation, les
institutions culturelles et la bureaucratie gouvernementale du régime
ont été déployés dans le but précis de dénigrer le peuple
oromo, son histoire, sa culture et son mode de vie. Tout cela a été
fait pour assurer « la mise en place de l’hégémonie de la
culture amhara déguisée en culture éthiopienne ». La production
de la littérature en langue oromo a été interdite. Dans les
manuels scolaires, [l'] Oromo a été décrit comme une personne
sans culture, sans histoire et sans héros... [et] caractérisé non
seulement comme non civilisé, mais non civilisable. La langue et la
culture oromo ont été réduites à des signes d’analphabétisme,
de honte et d’arriération alors que les écoles incitaient les
enfants Oromos à se conformer à la culture amhara. » En raison de
la barrière linguistique, les oromos n’avaient pas pleinement
accès aux recours juridiques et les recours dans les affaires
civiles ou criminelles parce que « devant un tribunal ou devant un
fonctionnaire, un Oromo devait parler amharique ou avoir recours à
un interprète. Même une affaire entre deux oromos, devant un
magistrat de langue oromo, devait être entendue en amharique. »
Les enfants orphelins ont
été privés de leur langue, de leur culture et de leur identité,
ce qui a détruit leur fierté à l’égard de leur patrimoine
culturel et les a enchaînés sans aucune foi en eux-mêmes, en leur
histoire ou en leur identité nationale. « Les élites dirigeantes
d’Amhara croient toujours que pour être éthiopien, il faut cesser
d’être Oromo. Les deux choses étaient ou sont considérées comme
incompatibles. » Ces mesures constituaient des actes « d’ethnocide
— un terme inventé par les Français après la Seconde Guerre
mondiale pour couvrir la destruction d’une culture sans tuer ses
porteurs — et étaient également qualifiées de génocide ».
C’est ce genre d’inhumanité qui a amené Ernest Gellner à
décrire l’Éthiopie comme « une prison des nations, si jamais il
y en avait une ». Le mépris effronté pour les droits politiques,
économiques et culturels des Oromo a continué sans relâche et,
d’une certaine façon, a ouvert la voie à la Révolution
éthiopienne de 1974, qui a amené de jeunes officiers militaires au
pouvoir.
Tyrannie,
ethnocide et destruction de l’identité :
la
période du gouvernement militaire, 1974–91.
Le régime militaire,
connu sous le nom de Derg, a pris le contrôle de facto du
gouvernement le 28 juin 1974, promettant une révolution sans
effusion de sang. Cette promesse a accru les aspirations des Oromo à
regagner leurs terres, leurs droits politiques, leur dignité humaine
et leur égalité. Selon René Lefort, la peur d’un soulèvement
des Oromo et la volonté de l’empêcher ont forcé le régime
militaire à adopter des mesures aussi radicales que la proclamation
de la redistribution des terres de 1975. Les efforts déployés par
le régime pour apaiser les Oromo n’ont toutefois pas arrêté la
montée inexorable du réveil politique des Oromo, qui a mené à la
création du Front de libération Oromo (OLF) en 1974. Cependant, il
n’a pas fallu longtemps pour que le Derg répande le sang des
Oromo. En août 1974, sous prétexte de combattre une douzaine de
guérilleros de l’OLF, le régime militaire éthiopien envoya plus
de 1000 soldats et dix chars d’assaut. Ils ont soudainement attaqué
des paysans oromos non armés au Chercher (Éthiopie orientale),
tuant plusieurs femmes, enfants et hommes dont Ellemo Quiltu, chef du
petit mouvement de guérilla. En avril 1975, le Derg exécute le
colonel Hailu Regassa et le général Taddesse Birru, symbole du
nationalisme Oromo et incarnation de l’aspiration Oromo à
l’égalité, après trois heures de procès secret et sont enterrés
le même jour dans une tombe secrète. C’était la « justice » du
Derg à son meilleur. Le fait que le Derg était déterminé à
détruire le nationalisme Oromo en tuant ses dirigeants est devenu
évident en avril 1976. Des centaines de paysans oromos ont été
massacrés dans les provinces de Kaffa, Illu-Abbabora, Arsi, Bale et
Harerge. C’était la première fois au XXe siècle que des oromos
dans six provinces ont été attaqués simultanément. Une étude a
noté : de tous les massacres criminels de mars 1975 à avril 1976,
le massacre le plus révoltant et d’inspiration raciale a été
celui mené dans la province du Sidamo contre les Oromo Gujji. En
novembre et décembre 1975, le major Takkala Wolde, administrateur
d’Arero awraja (district), avec le major Ketema Aytenfisu [...] a
provoqué un tollé public important en brûlant vivant un certain
nombre de paysans Oromo et leurs dirigeants. Au cours de leur
campagne de deux mois de « pacification », ils ont déclenché la
destruction délibérée de [personnes] et de biens. On estime qu’en
l’espace de deux mois, plus de 10 000 hommes, femmes et enfants
Oromos sans armes et sans défense ont été déplacés, et beaucoup
d’entre eux ont été tués dans la province du Sidamo. La décision
de réaliser ces atrocités a probablement été prise au plus haut
niveau du gouvernement. Lorsque la nouvelle du massacre et de
l’incendie de villages paysans a atteint la capitale éthiopienne,
où existaient de grandes communautés diplomatiques et expatriées,
le régime militaire éthiopien a été embarrassé et a « puni »
les coupables. L’administrateur du district a été pendu et le
major Ketema Aytenfisu a été expulsé du Derg, mais il a été en
fait récompensé par un emploi mieux rémunéré et plus d’avantages
en tant que membre du personnel de l’administration du palais.
Pendant la guerre
d’Éthiopie-Somalie de 1977, lorsque l’armée somalienne
régulière a envahi l’Ogaden et a occupé la ville de Jijiga,
l’administration éthiopienne s’est effondrée partout dans la
province du Harerge. L’armée éthiopienne démoralisée,
déshonorée, frustrée et vaincue, la police et la bureaucratie ont
blâmé les agriculteurs Oromos qui auraient agi comme un cheval de
Troie pour les forces somaliennes envahissantes. Les agriculteurs
Oromos ont été faits le bouc émissaire commode pour l’armée et
l’administration Amhara, dans un effort pour réparer leur moral
endommagé et leur fierté. Ce faisant, des milliers d’Oromos ont
été emprisonnés et tués. Beaucoup d’autres ont fui leurs
foyers, cherchant refuge dans les pays voisins de la province du
Harerge. En 1977, ironie de l’histoire, les propriétaires Amhara,
qui en 1974 se sont opposés à la révolution, sont devenus ses
ardents défenseurs et protecteurs. Les propriétaires Amhara ont été
prompts à punir les paysans oromos pour leur soutien à la
révolution. Rien qu’en 1978, on estime que des milliers de paysans
oromos ont été tués dans la province du Harerge et que beaucoup
d’autres ont été massacrés à Bale, Arsi et Sidamo. D’une
manière qui rappelle les conquêtes punitives de Ménélik, le
régime militaire adopta une politique de terre brûlée contre les
Oromo. En 1978, pillages et massacres sont devenus le lot des paysans
Oromo. Dans cette revanche de l’histoire, ce n’était pas tant
les événements du XXe siècle qui semblaient se réaffirmer, mais
l’esprit féroce de l’époque de la colonisation de Ménélik.
Les propriétaires Amhara semblaient regarder en arrière avec
nostalgie l’époque de la conquête de Ménélik quand leurs
ancêtres pillèrent et pillèrent les paysans Oromos comme ils le
voulaient.
Après la guerre, des
centaines de milliers d’Oromos qui ont échappé à la mort ont été
forcés de fuir vers des camps de réfugiés dans les pays voisins,
la Somalie, Djibouti et Kenya. Environ 6 millions de personnes
déplacées à l’intérieur du pays, dont la moitié étaient des
Oromos dans les régions de Bale, Arsi et Sidamo, ont été
rassemblées comme du bétail dans des « hameaux protégés »
appelés villages paysans. Les agriculteurs ont été forcés
d’abandonner leurs fermes et de déménager dans des endroits
choisis par le gouvernement. En quelques années, le régime
militaire a « déraciné et regroupé plus de 8 millions
d’agriculteurs Oromos dans les « nouveaux villages », un
euphémisme pour les camps de concentration où la main-d’œuvre et
les ressources des Oromo étaient totalement contrôlées et dominées
par le régime militaire. » Derrière la destruction systématique
des ressources humaines et matérielles des Oromo se trouvait le plan
sournois de vider les terres les plus précieuses des Oromo pour
faire de la place aux colons du nord. Au milieu des années 1980, le
régime a lancé un programme de réinstallation de 3 millions
d’habitants du Nord dans le Sud, principalement en pays Oromo. Cela
a été fait ostensiblement pour réhabiliter les victimes de la
sécheresse et de la famine du nord de l’Éthiopie, mais le but
réel était de modifier la composition démographique du pays Oromo.
Les plans massifs du gouvernement de la villagisation des paysans, la
collectivisation de leurs produits, et la réinstallation des
agriculteurs du Nord dans le Sud ont eu l’avantage le plus immédiat
pour le gouvernement de contrôler les mouvements des agriculteurs
Oromos et de les empêcher de fournir un soutien aux guérillas du
OLF dans la région. Le régime militaire éthiopien a ciblé le
petit nombre d’Oromo instruits pour la liquidation, les accusant du
crime non spécifié du « nationalisme étriqué ». Même la
manifestation la plus fondamentale des aspirations nationales des
Oromo fut déclarée ennemie majeure de la révolution.
De plus en plus, « sous
prétexte de liquider des nationalistes étriqués ou des éléments
antiunitaires », quiconque possédait un sens élémentaire de la
dignité nationale Oromo, quiconque se préoccupait du sort de la
culture, de la langue et de l’histoire des Oromo. est devenu sujet
à des mesures révolutionnaires, un euphémisme pour la mort
instantanée. » Le meurtre aveugle avait pour but politique de
priver les Oromo de dirigeants instruits. Pendant 17 ans, les Oromo
ont souffert sous une dictature militaire brutale. on estime que des
centaines de milliers d’agriculteurs Oromos ont perdu la vie entre
1974 et 1991, sans parler des millions de personnes déplacées à
l’intérieur du pays et des milliers de réfugiés dispersés dans
de nombreuses régions du monde. Lorsque les auteurs de la souffrance
et de la destruction ont été renversés en mai 1991, il y a eu un
soupir de soulagement et d’espoir pour un avenir meilleur.
Hégémonie, Violence et
Terrorisme d’État : la période de la « démocratie »,
1991-2002. Après le renversement du Derg, l'OLF et d’autres
organisations Oromos ont participé à une conférence nationale qui
a discuté de l’avenir de l’Éthiopie et rédigé un programme de
transition vers un ordre démocratique. Le FLO a cosigné la Charte
transitoire du nouveau gouvernement éthiopien avec les Forces
Démocratiques Révolutionnaires du Peuple Éthiopien (EPRDF), la
coalition des diverses organisations ethniques affiliées au Front de
Libération du Peuple Tigré (TPLF). Ensuite, l'OLF s’est joint au
gouvernement de transition de l’Éthiopie
(TGE), que certains ont décrit comme « un gouvernement de
coalition représentant trois principaux intérêts : l’intérêt
des Oromo, l’intérêt des Amhara et l’intérêt des Tigray, avec
d’autres [...] étant considérés comme importants mais
secondaires. »
Pour la première fois
dans l’histoire éthiopienne moderne, le principe du respect des
droits de l’homme a été popularisé en Éthiopie et inscrit dans
la Charte transitoire de juillet 1991. La Charte n’était pas un
document parfait, mais elle représentait un engagement envers les
droits de la personne et les droits démocratiques du peuple.
En tant que programme de
transition vers un régime démocratique, la Charte a adopté quatre
principes et visait « à transformer les relations entre le
colonisateur et les nations colonisées. Ces quatre composantes
étaient la suprématie du droit, le partage du pouvoir, la
construction d’un État démocratique multinational et
l’établissement d’une paix juste. » Espoirs déçus. Selon
Leenco Lata, un dirigeant de l’OLF qui a participé à la
conférence nationale, la charte n’était pas une proclamation ou
un décret des nouveaux dirigeants. C’était plutôt le fruit des
délibérations d’un certain nombre de groupes politiques et
d’observateurs étrangers. Elle a été approuvé comme « les
règles régissant le gouvernement de transition et comme loi suprême
du pays pour la période de transition ». La Charte visait à «
mettre fin à une ère de soumission et d’oppression et à la
remplacer par un nouveau chapitre de « liberté, égalité des
droits et autodétermination » de tous les peuples. » La charte
visait donc à démocratiser l’État éthiopien unitaire, dominé
par un seul groupe ethnique, et à le remplacer par un système
fédéral dans lequel tous les citoyens jouissaient de droits égaux.
En amorçant une transformation aussi profonde, on espérait que
l’État éthiopien serait reconstitué en une autorité légitime
qui serait l’organe décisionnel ultime du gouvernement en ce qui
concerne le maintien de l’ordre public et le renforcement de la
cohésion sociale.
L’avenir était
incertain, mais l’humeur dominante chez les Oromo était optimiste.
La Charte de transition
intégrait les grands principes des droits politiques et humains et
la période de transition
devait être le début d’un processus de démocratisation de l’État
et d’émancipation des citoyens. Pendant plusieurs mois
après la création du gouvernement de transition, la situation des
droits de l’homme s’est nettement améliorée en Éthiopie. En
1991, une transition graduelle de l’autoritarisme à la gouvernance
démocratique s’est amorcée. On aurait dit qu’une culture
politique tolérante se développait en Éthiopie. Divers organismes,
dont le TPLF et le OLF, ont collaboré harmonieusement. Pendant une
brève période, il a semblé y avoir une fenêtre d’opportunité
pour l’établissement d’un système démocratique qui
favoriserait les droits de l’homme, le développement économique,
et le bien-être social pour favoriser la paix et la stabilité tout
en favorisant la coopération et la compréhension mutuelle entre les
peuples éthiopiens. Cependant, avant le premier anniversaire du TGE,
la démocratie a été abandonnée et le régime autocratique a été
rétabli. L’espoir des droits démocratiques a été anéanti
lorsque les dirigeants du TPLF ont mis en œuvre des politiques
qu’ils avaient conçues bien avant leur victoire militaire pour
maintenir le statu quo colonial en pays Oromo. Tout d’abord, la
création par le TPLF de l’Organisation Démocratique des Peuples
Oromo (OPDO) a conduit à la destruction d’organisations Oromo
indépendantes et à une
(authentique) représentation des Oromo. Toutes les
organisations Oromo indépendantes ont placé leur espoir dans la
promesse d’une élection démocratique. Les dirigeants du TPLF,
cependant, pleinement conscients que des élections libres et justes
n’aboutiraient pas à l’élection de leurs candidats dans les
régions Oromos, ont eu recours à la manipulation du processus
électoral pour établir la suprématie politique du Tigré.
En 1992, le gouvernement
de transition dominé par le TPLF a fermé plus de 200 bureaux de
campagne de l’OLF et a emprisonné et tué des centaines de cadres
et de partisans de l’OLF avant les élections prévues le 21 juin
1992.
Le processus électoral
lui-même, documenté par des observateurs internationaux, a été
entaché d’irrégularités et de fraudes flagrantes. En raison du
harcèlement, de l’emprisonnement et même de l’assassinat de
partisans d’organisations indépendantes, l’OLF et plusieurs
autres organisations indépendantes ont dû se retirer de l’élection
et du gouvernement de transition. Malgré toute la fanfare et les
pièges démocratiques, les élections de 1992 ont été conçues
simplement pour donner un vernis de légitimité à l'autorité du
TPLF. Alors que les élections feintes leur ont apporté une certaine
reconnaissance internationale, à l’interne, les dirigeants
éthiopiens ont manqué, pour reprendre les mots d’un observateur,
une occasion en or de mettre leur pays sur une nouvelle voie [...] La
promesse d’une chance de choisir leurs dirigeants et de gérer
leurs propres affaires avait suscité une grande excitation populaire
pour cette chose appelée démocratie. Des millions d’Éthiopiens
se sont inscrits pour voter, souvent malgré d’énormes obstacles
parce qu’ils croyaient que cette fois-ci ce serait différent. Ce
qu’ils ont eu, ce sont les mêmes, des promesses brisées, des
espoirs trahis et encore une autre permutation de l’intrigue
impériale séculaire. L’espoir du peuple Oromo d’une dévolution
pacifique du pouvoir a été brisé par la prise de pouvoir flagrante
du TPLF. La promesse de l’expérience démocratique s’est
transformée en installation de l’hégémonie TPLF en Éthiopie.
Ce qui a été qualifié
de première élection multipartite s’est transformé en cérémonie
inaugurale d’un système de parti unique. Les dirigeants du TPLF
ont appris de l’épisode qu’ils peuvent ignorer l’opinion
internationale et manipuler les élections sans vergogne. Les mêmes
tactiques ont été répétées lors des élections de 1994, 1995 et
2000. Les dirigeants du TPLF ont utilisé leur armée pour garder
leur pouvoir mal acquis, détruire toutes les organisations
indépendantes oromos, et faire la guerre au pays Oromo, et ils ont
justifié leurs actions comme une défense de la « démocratie
révolutionnaire ». une idéologie inventée par les dirigeants du
TPLF pour définir l’opposition politique comme ennemie de la
démocratie susceptible d’être éliminée.
Contrairement aux régimes
éthiopiens précédents, le gouvernement actuel souscrit en principe
aux conventions sur les droits de la personne. Le gouvernement
affirme que la Déclaration universelle des droits de l’homme des
Nations Unies a été utilisée comme ligne directrice dans la
rédaction de sa constitution démocratique, qui affirmait le respect
des droits humains fondamentaux, y compris le droit à la vie et à
la sécurité et à la liberté de la personne, l’interdiction des
traitements inhumains et le droit à l’égalité, à la vie privée
et à la liberté d’expression. Fait intéressant, 32 des 106
articles de la nouvelle Constitution éthiopienne « comprennent des
dispositions détaillées sur les droits de la personne. La
Constitution prévoit également l’incorporation dans le droit
interne de tous les traités internationaux sur les droits de la
personne auxquels l’Éthiopie est partie. Le régime admet que,
dans le passé, la torture et d’autres traitements cruels,
inhumains et dégradants étaient endémiques en Éthiopie. Des
milliers de personnes étaient physiquement et moralement handicapées
et la primauté du droit a été ignorée. Cela implique que, sous le
gouvernement actuel, il y a la primauté du droit et que les gens ne
soient pas torturés, ni exécutés de façon extrajudiciaire, ni
soumis à des traitements inhumains et dégradants. Sur la base des
articles de sa Constitution, les dirigeants du gouvernement éthiopien
ont affirmé que les « mauvais jours » de violations des droits de
l’homme en Éthiopie étaient terminés. Pourtant, selon Amnesty
International, l’Éthiopie est l’un des deux États africains qui
n’ont pas ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et
des peuples. Human Rights Watch/Africa affirme que le gouvernement
éthiopien maintient verbalement qu’il est déterminé à faire
respecter les normes en matière de droits de la personne, mais qu’il
viole volontairement ces normes.
D’autres observateurs
ont conclu que, bien que le gouvernement éthiopien admette que des
violations des droits de l’homme se produisent en Éthiopie, il
blâme rejette la faute de ces violations sur les fonctionnaires
locaux qui sont dits ignorants des normes des droits de l’homme et
sur «l’absence d’une culture démocratique et d’une histoire
du respect des droits de l’homme.»
Suppression
de la dissidence.
La direction du TPLF/EPRDF
ne semble pas se soucier de la notion selon laquelle une marque
importante d’un gouvernement démocratique est la mesure dans
laquelle elle permet aux groupes d’opposition de s’organiser
librement et de lutter pour le pouvoir.
En 1993, plusieurs membres élus ont été expulsés du
Conseil des représentants en violation flagrante des droits à
l’immunité parlementaire inscrits dans la Charte transitoire de
1991. Selon Tecola Hagos, « vingt et une organisations politiques
ethniques ont formé le gouvernement de transition de l’Éthiopie
(TGE). En octobre 1993, il n’y avait plus que sept des membres
fondateurs du mouvement de libération de la Charte, ce qui signifie
que le gouvernement de coalition s’est effondré. » La démocratie
repose en grande partie sur le respect volontaire des règles du
processus politique. Les dirigeants du TPLF/EPRDF contrôlent non
seulement les médias de masse gérés par le gouvernement, mais
utilisent également les ressources de l’État pour créer des
organisations de substitution appelées, ironiquement, les
organisations démocratiques du peuple (PDO). Chacune d’entre elles
représentant un groupe ethnique particulier, ces organisations sont
sous l’emprise ferme du TPLF et ne font que l’appel d’offres de
leur mécène. Les membres de ces organisations sont attirés et
soutenus par des récompenses matérielles ainsi que par le patronage
politique. Comme je l’ai écrit ailleurs, refuser d’adhérer au
PDO signifie trahir la nouvelle classe politique, ce qui implique
l’exclusion d’un rôle de dirigeant, l’expulsion des emplois et
l’emprisonnement pur et simple [...] Face à la forte opposition de
diverses organisations et au rejet de la grande majorité des peuples
éthiopiens, la nouvelle classe politique s’appuie fortement sur
l’instrument du pouvoir despotique qu’elle monopolise. L’absence
totale de trois aspects importants de la démocratie, à savoir la
concurrence, la participation et les libertés civiles et politiques,
témoigne de l’absence de respect des droits de l’homme en
Éthiopie. Que des organisations indépendantes comme l’OLF, qui,
dans toute élection libre, pouvaient poser un défi politique
redoutable aux dirigeants du TPLF/EPRDF, ont été marginalisées,
réprimées et empêchées d’émerger en tant que force politique.
Depuis 1993, la liberté d’expression est menacée en Éthiopie.
Selon Tecola Hagos, Les abus infligés par l’actuel gouvernement
éthiopien contre la liberté d’expression et la liberté de la
presse ne se limitent pas à des critiques écrites ou orales, mais
vont beaucoup plus loin dans ses restrictions névrotiques
de vaste portée.
De la même manière que
l’ancien gouvernement brutal de Mengistu a traité avec des voix
dissidentes, imaginées ou non, le gouvernement éthiopien actuel a
détenu une chanteuse très populaire, Elfinesh Keno parce que ses
chansons, qui louent la culture et le patrimoine Oromo, sont
considérées par le gouvernement comme séditieuses. Le régime de
l’EPRDF a eu recours à la loi de 1992 sur la presse pour
restreindre les droits de la presse dans la pratique et a eu recours
à des mécanismes juridiques pour acculer les journaux à la
faillite et emprisonner les journalistes. En octobre 1997, le journal
indépendant Urjii, édité par des journalistes Oromos qui
rapportaient régulièrement des violations des droits humains en
pays Oromo, a été fermé. En fait, après octobre 1997, pas un seul
journal ou magazine privé Oromo en alphabet latin n’a été
produit en Éthiopie. Seuls deux journaux amhariques, dont la
diffusion se limitait à Addis-Abeba, traitaient des questions
relatives aux oromos. Moti Biyya, correspondant politique chez Urjii,
a été arrêté en septembre 1997, tandis que Garoma Bekele, alors
directeur général d’Urjii, Solomon Namarra, rédacteur en chef
par intérim, et son assistant, Tesfay Dheressa, ont été emmenés
de leurs bureaux et détenus au secret sans avocat ni droit de visite
de la famille. Certes, les dirigeants du TPLF autorisent la
circulation limitée des journaux à Addis-Abeba, la capitale
éthiopienne, « parce que c’est bon pour le spectacle de la
démocratie. Ils gardent la presse pour la consommation de la
communauté internationale. » Cependant, l’attaque contre la
presse libre a littéralement tué les quelques publications en Oromo
en alphabet latin. La mort des publications Oromos en alphabet latin
a été un coup fatal à la floraison de la littérature Oromo et à
la normalisation de la langue Oromo elle-même. Les magazines Oromos
qui ont disparu comprennent Gada, Biftu, Madda Walaabuu, Odaa, et
l’Urjiimagazine, qui a commencé et a pris fin en 1997 lorsque ses
rédacteurs ont été arrêtés par le gouvernement. Depuis 2002,
aucun journal ou magazine n’a exprimé les opinions politiques
légitimes des Oromo en Éthiopie.
Terroriser l’opposition.
Une indication de la mesure dans laquelle les dirigeants du
TPLF/EPRDF peuvent violer les droits de l’homme est la taille
démesurée de son appareil de sécurité, qui serait plus grand que
celui de l’ancien régime militaire. Les violations des droits de
l’homme en pays Oromo ont augmenté après que l’OLF, une
organisation politique qui était coauteur de la Charte de transition
et participait au gouvernement du pays, a soudainement été expulsée
du gouvernement de transition en 1992. Des Oromo innocents ont été
rassemblés dans des camps de concentration où ils ont été
torturés et tués pour avoir sympathisé avec l’OLF ou pour avoir
exprimé des opinions semblables à celles de l’OLF. Des centaines
de ressortissants Oromos ont été arrêtés et priés de ne pas
assister aux réunions de l’Association Maccaa-Tuulama, la plus
ancienne association d’entraide Oromo. Pire encore, dans une
attaque sur l’essence même de l'être des Oromo, ils ont été mis
en garde contre le chant des chansons Oromo. Le nombre de détenus
Oromo était si important que l’agrandissement des prisons est
devenu une nécessité. De 1992 à 1994, il y a eu quatre grands
camps de concentration en Oromia, à savoir Hurso en Harerge, Agarfa
à Bale, Blate au Sidamo et Didessa dans le Wallaga. Le gouvernement
dominé par le TPLF a admis que 22 000 membres et sympathisants de
l’OLF étaient détenus dans ces camps. Cependant, selon Susan
Pollack, une infirmière écossaise qui a effectué des travaux sur
le terrain en Éthiopie, le nombre de détenus variait de 45 000 à
50 000, « y compris les paysans et les agriculteurs [...] des
fonctionnaires et neuf médecins [qui n’avaient pas] la permission
d’aider les malades. Environ 3000 personnes sont mortes du
paludisme, de la malnutrition et de la diarrhée facilités entre les
quatre camps pendant cette période [1992-1994]. » Le 25 mars 1992,
dans la ville de Watar dans la province du Harerge, des soldats du
TPLF/EPRDF ont tiré à l’aide de munitions à balles réelles sur
environ 30 000 manifestants pacifiques, tuant 92 personnes et
blessant plus de 300 personnes, dont la plupart sont mortes plus tard
à l’hôpital. Des atrocités ont été perpétrées à plusieurs
endroits en territoire Oromo, dont la ville d’Awaday en Harerge et
Meta Robii au Shewa (Choa). Susan Pollack rapporte qu’en septembre
1995, dans un district appelé Siree, une unité militaire de soldats
du TPLF/EPRDF s’est rendue dans deux villages et a brûlé des
maisons sans discernement et a tué 70 civils. Un incident similaire
est survenu le même mois à Wabbie, un sous district de la région
de Bale. De nombreuses maisons ont été incendiées et de nombreux
paysans ont été arrêtés [...] Les communautés ont été accusées
de dissimuler des renseignements et de protéger l’OLF.
En 1996, les violations
des droits de l’homme en Éthiopie étaient généralisées, selon
les rapports de plusieurs organisations de défense des droits de
l’homme. Le groupe de soutien de la région Oromia a signalé des
centaines d’exécutions extrajudiciaires et plusieurs «
disparitions » d’opposants civils au gouvernement, et des milliers
de civils emprisonnés, torturés et violés dans des centres de
détention secrets. La pire atrocité de 1996 a été le meurtre de
plus de 1000 oromos au Borana. En octobre et en novembre de la même
année, les soldats du TPLF n’ont jamais épargné les femmes
enceintes ni les jeunes; ils ont tué plusieurs femmes enceintes et
des centaines d’enfants Oromo âgés de 12 à 16 ans [...] une
femme enceinte de sept mois à Robe, Bale, a été arrêtée et
battue [...] Elle a fait une fausse couche et est morte en détention.
Lorsque des parents sont allés réclamer son corps, on leur a dit de
remplacer les restes par un parent vivant. Quand on leur a demandé
d’expliquer leurs actions, les soldats du TPLF ont dit qu’elle
était morte avec les objectifs de l’OLF
encore coincés dans son cerveau et nous ne pouvions pas
obtenir ce que nous voulions d’elle.
Bien que les organisations
de défense des droits de l'homme aient signalé des violations
généralisées, le rapport du département d’État des États-Unis
décrivait la situation simplement comme une lacune dans un système
démocratique émergent. En 1996, le rapport indiquait que « la
magistrature est faible et surchargée, mais montre des signes
d’indépendance accrus ». Ce que le rapport ne mentionne pas,
c’est que des juges courageux qui ont tenté de montrer des signes
d’indépendance ont été sommairement traités. Par exemple, en
1996, 28 Oromo diplômés de l’école de droit et juges
d’expérience qui ont refusé de se joindre à l’OPDO ont été
congédiés.
Ils comprenaient quatre
juges de la Cour suprême fédérale et 24 juges de la Cour suprême
d’Oromia et de la Cour suprême régionale. Le rapport affirme
également que « le gouvernement fédéral ne peut pas encore
protéger les droits constitutionnels au niveau régional, en
particulier lorsque les autorités locales ne veulent pas ou ne
peuvent pas le faire. » Il a été omis de mentionner que les
autorités régionales n’ont pas le pouvoir de fonctionner de
manière autonome. Les autorités régionales et locales qui ont
naïvement confronté les autorités du TPLF, même sur des points
mineurs, ont été soit démises de leurs fonctions, soit
emprisonnées et, dans certains cas, exécutées. Par exemple, les
membres du Comité central de l’OPDO, Mokonnen Fite et Bayu Gurmu,
ont été tués par des agents du gouvernement en septembre 1997.
Pendant que Hassen Ali,
alors président d’Oromia, et d’autres membres du Comité central
de l’OPDO se réunissaient dans le palais pour discuter des
meurtres des individus susmentionnés, Alemayehu Desalegn, membre du
comité central de l’OPDO et chef des finances de la région
Oromia, a été tué dans le palais. Son décès a été expliqué
comme étant un « suicide ». Selon la Constitution fédérale,
l’Etat régional d’Oromia était censé jouir de l’autonomie en
matière locale. Mais les autorités fédérales interviennent dans
tous les aspects de l’administration. Hassen Ali affirme qu’il «
a vu et vécu clairement que le gouvernement régional d’Oromia ne
peut arrêter les arrestations arbitraires, la torture, les
exécutions extrajudiciaires et les disparitions de personnes
innocentes face à la police et aux forces de sécurité du parti au
pouvoir. » Les membres subalternes de l’OPDO auraient sans doute
dû être à l’abri de la persécution du régime. Cependant, en
novembre 1997, une purge majeure au sein de l’OPDO a entraîné
l’incarcération de plus de 20 000 membres, dont certains sont
probablement toujours en détention. En bref, on peut établir de
façon concluante que le gouvernement fédéral n’a pas protégé
les droits inscrits dans sa propre Constitution. Les pratiques
répressives et la disposition autoritaire des dirigeants du TPLF
étaient initialement dissimulées, en raison de leurs beaux discours
sur le respect des droits de la personne et l’utilisation de pièges
démocratiques pour dissimuler leurs pratiques antidémocratiques.
La plupart la plupart des
assassinats dans la région Oromia et dans d’autres parties de
l’Éthiopie ont eu lieu dans des zones rurales, ce qui a permis aux
auteurs de cacher leurs atrocités à la communauté internationale
et aux organisations de défense des droits de la personne. Selon un
rapport, Plus on s’éloigne de la capitale . . . plus la torture
devient grossière, barbare, déshumanisante et répandue. Là pas de
règle de droit qui régit les membres du Parti au pouvoir dans une
position de leadership. Un dirigeant de parti . . . . peut faire
n’importe quoi . . . contre un autre être humain. L’âme et le
corps d’une personne dans une collectivité sont entièrement entre
les mains de ces dirigeants du parti et doivent être traités sous
n’importe quelle forme comme le souhaite le dirigeant du parti au
pouvoir. Le gouvernement du TPLF n’a pas admis que ses cadres
politiques et militaires avaient violé impunément les droits de
l’homme. Toutefois, le rapport annuel du département d’État des
États-Unis pour 2000 indique qu’il y avait 7 500 détenus, dont la
plupart étaient des partisans présumés du OLF ou des membres de
guérillas.
Le Conseil éthiopien des
droits de l’homme a également publié les noms de dix mille
détenus politiques, dont aucun n’a eu son procès. Ces chiffres ne
comprenaient probablement pas les prisonniers politiques Oromos, qui
étaient détenus dans une cinquantaine de centres de détention
secrets disséminés un peu partout dans la région Oromia. Malgré
les faits connus du public, le gouvernement a nié l’existence de
prisonniers politiques en Éthiopie, sur la base d’une distinction
qu’il a faite entre les terroristes ayant commis des crimes
spécifiques et des prisonniers politiques. Le gouvernement a insisté
sur le fait que les milliers de prisonniers qui languissaient dans
ses prisons n’étaient pas des prisonniers politiques, mais des
criminels détenus pour leur rôle dans des activités terroristes.
Toutefois, le raisonnement
du gouvernement en matière d’application de la loi ne résiste pas
à un examen minutieux. Le 8 mai 1997, un homme non armé, Assefa
Maru, président par intérim de l’Association éthiopienne des
enseignants (ETA) et membre de la commission d’administration du
Conseil éthiopien des droits de l’homme (EHRC), a été abattu
alors qu’il se rendait à son bureau. Les médias gouvernementaux
ont rapporté « que la police avait tiré sur le chef d’un groupe
terroriste notoire chez lui alors qu’il tentait d’échapper à
une arrestation. » Peu après, un appelant anonyme a dit à ses amis
de bureau « qu’Assefa Maru avait été tué dans un accident de
voiture et que son corps pouvait être recueilli à l’hôpital
Menelik II. Le personnel de l’EHRC a vu des blessures par balle
dans sa tête et dans sa poitrine. » Le
Front des patriotes de l'unité éthiopienne ( EUPF en abrégé),
l’organisation à laquelle la victime aurait appartenu, a été
accusé d’avoir perpétré des attentats terroristes à la bombe à
Addis-Abeba. Des mois plus tard, le 8 octobre 1997, des agents de
sécurité du gouvernement ont abattu trois Oromos non armés, à
savoir Terefe Qumbi, le capitaine Gudissa Annisa et Tesfaya Kumsissa.
L’explication de leur exécution était qu’ils étaient membres
d’une cellule du OLF qui était responsable des attentats à la
bombe à Addis-Abeba et à Dire Dawa, plus tôt dans l'année. »
Al-Ittihad al-Islamiya, un groupe d’opposition islamique basé en
Somalie, a alors assumé la responsabilité des attentats à la
bombe. En représailles, les forces éthiopiennes ont attaqué les
bases d’Al-Ittihad en Somalie. Ainsi, Al-Ittihad a été attaqué
pour les mêmes attentats pour lesquels Assefa Maru avait été
abattu et trois membres présumés de l’OLF avaient été tués. De
toute évidence, le terme « terroriste » était utilisé comme
moyen de représailles à l'encontre d'opposants au gouvernement.
Tendances
troublantes.
Les violations des droits
de l’homme dans le pays Oromo montrent des tendances perceptibles.
Dans le premier cas, le TPLF semble déterminé à détruire tous les
dirigeants et organisations oromos indépendantes dans un effort pour
éliminer tout obstacle à son désir de contrôler les ressources du
pays Oromo. Hassen Ali décrit la situation en Oromia dans les termes
suivants : les soldats du TPLF et ses membres sont la loi à
eux-mêmes. Seulement ce qu’ils disent et ce qu’ils veulent est
mis en œuvre en Oromia à l’exclusion générale des intérêts ou
des souhaits des Oromo. . . . Bien que la région Oromia soit
autonome de nom, les soldats du gouvernement et
les agents des services
secrets ont le pouvoir total de faire ce qu’ils veulent en pays
Oromo. Ils emprisonnent, torturent ou tuent quiconque, y compris les
membres de l’OPDO et nos employés du gouvernement, sans aucune
application régulière de la loi. Ils ont établi plusieurs centres
de détention secrets, où des milliers d’innocents sont gardés
pendant des années sans procès ni accusation. Les soldats du
gouvernement fédéral, plus précisément les soldats du TPLF, sont
en pratique au-dessus de la loi en Oromia. Le contrôle des
ressources n’est pas jugé efficace tant qu’il y a une opposition
viable. Le gouvernement a attaqué la presse libre et les
institutions de la société civile Oromo naissantes, les considérant
comme les véhicules qui nourrissent l’opposition. Compte tenu des
espoirs naissant des oromos suscités en 1992, c’était une
évolution inquiétante.
En 1992, il y avait
plusieurs magazines et journaux en langue oromo. En utilisant sa loi
restrictive sur la presse et d’autres mécanismes juridiques, le
gouvernement a fermé tous les journaux et magazines privés Oromo.
L’Oromo Relief Association (ORA), une organisation humanitaire
créée en 1979, a été fermée et ses biens confisqués sans
indemnisation et sans procédure régulière. Le but de la
suppression de toutes les organisations Oromo indépendantes et la
disparition des journaux et magazines privés Oromo autrefois
vigoureux est de priver les Oromo de toutes autorités et de toute
voix dans les affaires de leur propre pays.
Par conséquent,
aujourd’hui, les Oromo « sont non seulement opprimés, mais aussi
liés pour se déplacer et pour penser et parler par un système qui
prospère dans l’obscurité et la désinformation. » Un cycle
mortel d’élimination de tous les Oromo instruits et du système
éducatif qui les a produits constitue une autre tendance
inquiétante. Pour commencer, seule une fraction de la population
oromo est instruite. Selon des sources gouvernementales, jusqu’en
1995, seulement 20 % et 12 % des enfants de la région Oromia étaient
respectivement inscrits dans des écoles primaires et secondaires.
Sur une population estimée à plus de 25 millions d’habitants en
Oromia, seulement 0,1 pour cent ont reçu un enseignement
universitaire en 1994.
Les étudiants Oromos ont
peu de chances d’accéder au niveau collégial ou universitaire en
raison de la piètre qualité de l’éducation en région Oromia qui
ne leur permet pas de réussir l’examen d’entrée au collège. Le
régime du TPLF a pris la décision délibérée de laisser derrière
eux les enfants Oromos, hors du courant principal de l’éducation
moderne. Sans éducation fondée sur la science et la technique, il
n’est pas possible de créer une société démocratique et
prospère en Oromia. Le fait que les étudiants Oromos accusent un
retard par rapport à leurs pairs ailleurs dans le pays aura pour
conséquence à long terme, d’affaiblir la capacité de la région
Oromia à lutter contre la pauvreté, la maladie et l’ignorance.
L’avenir des enfants oromos sera inévitablement aussi sombre que
celui de leurs ancêtres, qui ont vécu sous un régime éthiopien
brutal et oppressif. On s’attendrait à ce que les familles
individuelles qui essayent de sortir d'une existence misérable
constitueraient l'unique segment sûr de la société oromo. Mais
celles-ci n’ont pas été épargnés par les punitions collectives
et par une évolution encore plus inquiétante de répercussions
imprévisibles. Les hommes, les femmes, les enfants, les animaux et
même l’environnement des oromos sont tous des cibles de la
tyrannie du TPLF.
Dans les cas où les
éleveurs oromos étaient soupçonnés d’abriter des guérilleros
OLF, les soldats du TPLF les punissaient en détruisant ou
confisquant leur bétail ou en empoisonnant les puits où le bétail
s'abreuvait. En de nombreuses occasions, des agriculteurs Oromo,
soupçonnés de nourrir des combattants de l’OLF, ont vu leurs
fermes brûlées et les membres sans défense de leurs familles,
brutalement assassinés.
En 2000, lorsque le
gouvernement du TPLF a soupçonné les guérilleros de l’OLF de se
cacher dans les forêts du pays Oromo, ses agents ont allumé des
incendies qui ont causé des destructions environnementales
catastrophiques en Oromia et dans d’autres États du sud de
l’Éthiopie.
Un aspect peut-être
encore plus inquiétant des attaques contre les droits humains des
Oromo est l’extension de la violence contre les oromos au-delà des
frontières éthiopiennes. Selon la Commission kényane des droits de
l’homme (KHRC), les soldats du gouvernement éthiopien ont effectué
des raids au Kenya, des raids qui impliquaient « bombardements,
meurtres, viols et pillages d'Oromo Borana et assassinat d’éminents
anciens soupçonnés de soutenir l'OLF. »
Un policier kenyan a fait
la déclaration suivante au KHRC : «J’ai personnellement été
contraint de traverser la frontière pour négocier la libération
des Kenyans enlevés, ce qui s’avère inévitablement très
difficile. Une fois qu’une personne est kidnappée ou enlevée,
soit il/elle disparaît, soit nous sommes obligés de payer une
amende pour la libération. Dans la plupart des cas, on ne nous donne
pas la raison de l’enlèvement, mais la croyance générale est que
c’est à cause d’un soutien réel ou imaginaire à l'OLF. Hussein
Sora, un jeune avocat kényan qui a rédigé le rapport du KHRC, a
été retrouvé mort après avoir accusé le gouvernement éthiopien
de terrorisme international. En mars 2001, des soldats du
gouvernement éthiopien auraient tué 160 ressortissants kényans
parlant l’oromo.
Par son action sans
précédent, le régime TPLF a étendu géographiquement la violation
des droits de l’homme et régionalisé la dégradation flagrante de
la vie humaine. Des milliers d’Oromos ont fui vers les pays voisins
pour échapper à l’État éthiopien. Malheureusement, les agents
du TPLF ont poursuivi les réfugiés oromos à travers la frontière
et les ont assassinés en République de Djibouti, en Somalie, au
Kenya, au Soudan et même en Afrique du Sud. Les réfugiés oromos
qui ont échappé aux assassinats du TPLF ont été rapatriés en
Éthiopie et beaucoup d’autres sont morts en transit. Par exemple,
le 22 décembre 2000, 28 réfugiés oromos sont morts « de
suffocation » ou de blessures par balle qu’ils ont subies en
sortant des wagons pour échapper à l’asphyxie lors de leur
rapatriement de Djibouti en Éthiopie. Une fois en Éthiopie, les
réfugiés rapatriés ont été détenus à long terme, torturés ou
exécutés. Le fait le plus troublant est que la guerre du TPLF
contre le nationalisme oromo a été exprimée dans Hizbaawi Adera ou
The People’s Trust, le trimestriel officiel du Parti au pouvoir.
Dans cette publication, le régime du TPLF a exprimé une crainte
importante de « nationalisme étroit » qui, selon le gouvernement,
était plus fort en Oromia qu’ailleurs en Éthiopie.
Hizbaawi Adera est rempli
de références aux intellectuels oromo, les hommes d’affaires et
les femmes comme constituant le problème du nationalisme étroit en
Oromia. Tout cela vise à diaboliser les chefs d’entreprise, les
chefs culturels et politiques Oromo et à préparer une mise en
accusation politique de l’élite oromo comme ennemie de la «
démocratie révolutionnaire. » Hizbaawi Adera fait valoir que : Les
intellectuels d’échelon supérieur et les gens d’affaires sont
bornés. Leur aspiration est de devenir une classe dirigeante
uniquement pour servir leurs propres intérêts. Ils sont si avides
qu’ils veulent « manger » seuls. Comme ils sont désespérés,
ils peuvent être violents. Nous devons donc toujours rester
vigilants. À moins que ces nationalistes étroits ne soient
éliminés, la démocratie et le développement ne peuvent être
réalisés en Éthiopie. Le résultat de la thèse d'Hizbaawi Adera
est que, pour détruire le nationalisme oromo, il faut isoler,
exposer et écraser les intellectuels oromos et les riches hommes
d’affaires qui le nourrissent. Les meurtres et les disparitions
d’intellectuels oromos et la détention de membres de l’Association
Maccaa-Tuulama et de la Ligue des droits de l’homme font partie de
la mise en œuvre de cette politique.
Une politique qui vise à
détruire les plus brillants et les meilleurs éléments de la
société oromo est un précurseur d’un « génocide en devenir. »
Dans une quatrième critique du Hizbaawi Adera, Moti Biyya a
déchiffré le plan TPLF. Il écrivait : Qui sont les nationalistes
étroits? Ceux qui gouvernent par la force des armes? Ceux qui
pillent la propriété des autres? Ceux qui emprisonnent, torturent
et tuent dans le but de consolider leur hégémonie ethnique? Les
véritables nationalistes étroits sont les dirigeants du TPLF, qui
croient qu’ils méritent de gouverner, qu’ils ont le droit de
gouverner, qu’ils ont le droit de gouverner et que d’autres ont
l’obligation d’être gouvernés. Ceux qui combinent la cupidité
capitaliste avec la cruauté stalinienne, l’intrigue machiavélique
avec la langue acérée de Marx, la diplomatie américaine avec le
désir de vengeance de l’empereur Yohannes apparaissent dans leur
vraie couleur. . . . Ils parlent haut et fort de leur plan pour
détruire les intellectuels oromos et les riches marchands. La
destruction planifiée sera entreprise au nom du capitalisme de
construction. Depuis 2001, le gouvernement du TPLF a abandonné
toutes les prétentions à l’engagement de construire une Éthiopie
multinationale. Elle s’est retournée contre ses propres partis
substituts, par lesquels elle avait espéré atteindre et apaiser les
différentes nations à l’intérieur de l’Éthiopie.
Le 23 janvier 2001, Kuma
Demeksa, président d’Oromia et secrétaire général de l’OPDO,
ainsi que Chala Hordofa, Diriba Arkona et Yasin Hussein, tous membres
du Comité central de l’OPDO, et plusieurs autres ont été
suspendus du parti et retirés de leurs positions dans le
gouvernement Oromo. Certains des dirigeants de l’OPDO ont fui
l’Éthiopie pour sauver leur vie, y compris Almaz Mako, le
Président de la Chambre de la Fédération et le deuxième en ligne
de succession à la présidence de l’Éthiopie. Dans son communiqué
de presse du 13 août 2001, Almaz Mako a déclaré : «le
gouvernement de l’EPRDF a apporté des souffrances et des misères
incalculables au peuple oromo. [Le] OPDO est . . . . réduit à une
approbation automatique du règne du TPLF sur le pays Oromo. . . . .
. . Les ressources oromos sont mobilisées et pillées pour
développer le Tigré. . . . Le Parti au pouvoir est catégoriquement
rejeté par toute la nation oromo et ne survit que sur le dos de ses
forces de sécurité répressives.
Si les Oromos qui occupent
les postes les plus élevés ne sont pas en sécurité, les
subalternes ne peuvent pas s’attendre à ce que leurs droits soient
respectés. Ce qui est inquiétant, c’est qu’une fois qu’un
groupe de personnes est devenu la cible d’abus et de violations des
droits de la personne, on ne peut s’empêcher de voir un danger
imminent de génocide.
Conclusion.
Le renversement du Derg en
1991 marque la fin d’une époque. Un siècle de domination amhara a
pris fin, et l’on espérait qu’un gouvernement qui respectait la
primauté du droit et les droits de la personne de ses citoyens
serait établi en Éthiopie.
Pour la première fois, un
document politique, la Charte transitoire, rédigée par des
politiciens éthiopiens, déclarait que « les droits de l’homme
individuels doivent être pleinement respectés, et sans aucune
limitation. » L’espoir suscité par cet article a été rapidement
anéanti. Depuis 1992, le gouvernement éthiopien a toujours fait
preuve d’un mépris total pour les droits fondamentaux de la
personne. Les droits politiques ont été bafoués. Il n’y a jamais
eu d’élections libres et équitables en Éthiopie, et il y a un
manque total d’institutions pour faire en sorte que les politiques
gouvernementales dépendent de la volonté du peuple. Par conséquent,
il est dit aujourd’hui que le bilan du régime TPLF en matière de
droits de l’homme est pire que celui du régime militaire
précédent. Malgré les violations généralisées des droits de
l’homme, le gouvernement éthiopien dominé par le TPLF a réussi à
dissimuler son bilan lamentable. En fait, son succès l’a enhardi
au point de faire fi des principes des droits de l'homme qu’il
avait approuvés. Il semble que la communauté internationale ait
enfin pris conscience du bilan catastrophique du régime en matière
de droits de l'homme, que les gouvernements occidentaux avaient déjà
salué comme un nouveau modèle d'une bonne gouvernance en Afrique.
Même le U.S. Department of State, qui dans d’autres cas blâmait
les autorités provinciales et locales et absolvait le gouvernement
central de toute mesure de responsabilité, a critiqué le
gouvernement de Meles Zenawi dans son Country Report on Human Rights
Practice in Ethiopia for 2001. Le 18 septembre 1997, le Parlement
européen a condamné le bilan du gouvernement éthiopien en matière
de droits de l’homme. Amnistie Internationale a également exposé
les tactiques du régime TPLF en matière de liberté d’expression.
Beaucoup de dommages ont
été causés à l’esprit, à la propriété et à l’humanité du
peuple oromo. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement éthiopien
actuel a systématiquement nié aux oromos les droits civils et
politiques fondamentaux et ne leur a pas accordé une protection
égale en vertu de la loi. De plus, le régime TPLF a paralysé,
sinon détruit, toutes les organisations oromos indépendantes.
Privés d’une direction démocratique vigoureuse et privés de
liberté d’expression dans leur langue, les Oromo ont été soumis
à des attaques incessantes contre leur nationalisme et leur droit à
l’autonomie dans leur propre État régional. Si les dirigeants du
TPLF veulent vraiment respecter les droits humains de tous les
citoyens, ils doivent commencer par se libérer eux-même de la
mentalité de terroriser les Oromo en soumission et s’abstenir
d’utiliser leurs forces militaires pour défendre leur pouvoir,
détruire les organisations rivales, et faire la guerre en Oromia.
Deuxièmement, les
dirigeants du TPLF devraient ouvrir leur esprit aux avantages de la
coopération avec des organisations Oromo indépendantes et s’unir
pour construire un meilleur avenir pour les peuples éthiopiens. La
vulgarisation du concept de fédéralisme par le régime est louable,
bien qu’il n’y ait jamais eu de véritable tentative de mise en
œuvre. Les dirigeants du TPLF doivent se rendre compte que le
fédéralisme repose sur « Les principes fédéraux sont nés de
l’idée que les personnes libres peuvent librement conclure des
associations politiques durables mais limitées pour atteindre des
buts communs et protéger certains droits tout en préservant leur
intégrité respective. »
La rhétorique des
dirigeants du TPLF d’une « république fédérale d’Éthiopie »
ne peut devenir réalité que si les Oromo et d’autres peuples
d’Éthiopie atteignent leur liberté et se gouvernent librement et
de manière autonome dans leurs régions sans ingérence extérieure.
Le fédéralisme, sans la liberté des entités fédérées, est un
dispositif de perpétuation de la domination patrimoniale. Enfin, la
création par le régime TPLF d’une commission indépendante des
droits de la personne et d’un ombudsman en mai 1998 est louable.
Mais la création d’une telle entité ne contribue qu’à
maintenir la façade d’un ordre démocratique, à moins qu’elle
ne soit autorisée à fonctionner correctement.
Si le régime veut
vraiment respecter les droits de l’homme, il doit accorder la
légalité à la Ligue des droits de l’homme Oromo et permettre au
Groupe de soutien d’Oromia, au Sidama Concern, au Comité des
droits de l’homme somalien d’Ogaden, à Amnistie Internationale,
Human Rights Watch/Africa, et d’autres organisations de défense
des droits de l'homme d’opérer librement en Éthiopie. C’est la
seule façon pratique d’améliorer le bilan catastrophique du
régime en matière de droits de l'homme.
Notes
1.Cet
article est tiré de plusieurs documents que j’ai présentés aux
réunions de l’Association des études africaines et aux
conférences annuelles de l’Oromo Studies Association en 1997, 1998
et 1999. J’ai également puisé beaucoup dans certains de mes
articles publiés, y compris “Ethiopia: Missed Opportunities for
Peaceful Democratic Process,” in State Building and Democratization
in Africa, Faith, Hope and Realities, ed. Kidane Mengisteab and Cyril
Daddieh (Westport, CT: Praeger, 1999), 233–60.
2.
Mahmood Monshipuri, Democratization, Liberalization and Human Rights
in the Third World (Boulder, CO: Lynne Rienner, 1995), 17.
3.
T. R. H. Davenport, The Transfer of Power in South Africa (Claremont,
South Africa: David Philip Publishers, 1998), vii.
4.
Mohammed Hassen, “The Militarization of the Ethiopian State and the
Oromo,” dans Proceedings of the 5th International Conference on the
Horn of Africa (New York: Marsden Reproductions, 1990), 98.
5.
Il s’agit notamment des œuvres produites par les écrivains oromo,
the Oromia Support Group, Amnesty International, Human Rights
Watch/Africa, the Ethiopian Human Rights Council, the Committee to
Protect Journalists, the International Commission of Jurors, the
Oromo Human Rights League, the U.S. Department of State country
reports on human rights practices in Ethiopia, et plusieurs autres
sources.
6.
Alexander De Waal, Evil Days: Thirty Years of War and Famine in
Ethiopia: An Africa Watch Report (New York: Human Rights Watch,
1991), 1.
7.
Lord Lytton, The Stolen Report (London: McDonald, 1966), 160.
8.
Abbas Haji, “Menelik’s Conquest as the Genesis of Ethiopian
Crisis: A Case of the Arsi Oromo,” The Oromo Commentary 4, no. 2
(1994): 21.
9.
Mekuria Bulcha, The Making of the Oromo Diaspora: A Historical
Sociology of Forced Migration (Minneapolis: Kirk House Publishers,
2002), 3.
10.
Martial de Salviac, Un peuple antique au pays de Ménélik: les Galla
(dit d'origine Gauloise), grande nation africaine (Paris: H. Ousdin,
1901), 307.
11.
Haji, “Ménélik’s Conquest as the Genesis of Ethiopian Crisis,”
21.
12.
Donaldson A. Smith, “Expedition through Somaliland to Lake Rudolf,”
Geographical Journal 7 (1896): 123–27.
13.
De Salviac, Un peuple antique au pays de Ménélik, 86–87, 278.
14.
Alexander Bulatovich, Ethiopia through Russian Eyes: Country in
Transition, 1896–1898, trans. and ed. Richard Seltzer
(Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 2000), 68–69.
15.
Bairu Tafla, ed., Asma Giyorgis and His Work: History of the Galla
and the Kingdom of Sawa (Stuttgart: Franz Steiner Verlag, Wiesbaden
GMBH, 1987), 134–35. Conquest, Tyranny, and Ethnocide against the
Oromo 43
16.
Karl Knutsson, Authority and Change: A Study of the Kallu
Institution among the Macha Galla of Ethiopia (Gothenburg, Sweden:
Etnografesha Museet, 1967), 147–55.
17.
Frank Chalk and Kurt Jonassohn, The History and Sociology of
Genocide: Analysis and Case Studies (New Haven, CT: Yale University
Press, 1990), 8.
18.
Ibid., 30.
19.
Ibid., 28.
20.
Addis Hiwet, Ethiopia: From Autocracy to Revolution (London, 1975),
4.
21.Raphael
Lemkin, qui a inventé le terme pour la première fois, décrit les
principales caractéristiques du génocide. Voir Raphael Lemkin, Axis
Rule in Occupied Europe: Laws of Occupation, Analysis of Government
Proposals for Redress (New York: Howard Fertig, 1973), 92.
22.
Harold G. Marcus, The Life and Times of Menelik II: Ethiopia,
1844–1913 (Oxford: Oxford University Press, 1975), 73.
23.
Richard Pankhurst, Economic History of Ethiopia, 1800–1935 (Addis
Ababa: Artistic Printing Press, 1968), 75. voir aussi H. Darley,
Slavery and Ivory in Abyssinia (London: H. F. and G. Witherby, 1926),
197–99, 201.
24.
Getahun Delibo, “Emperor Menelik’s Ethiopia, 1865-1916: National
Unification or Amhara Communal Domination” (PhD diss., Howard
University, 1974) 219.
25.
Timothy D. Fernyhough, “Serfs, Slaves and Shefta: Modes of
Production in Southern Ethiopia from the Late Nineteenth Century to
1941” (PhD diss., University of Illinois at Urbana-Champaign,
1986), 188.
26.
Lapeso Gé Delébo, Ya’Ityopya yagabar ser’eatena gemer
kapitalizm, 1900–1966
(Addis
Ababa: Artistic Press, 1991): 213–14, 219.
27.
Abdul Mejid Hussein, “The Political Economy of the Ethiopian
Famine,” dans Rehab: Drought, and Famine in Ethiopia, ed. Abdul
Mejid Hussein (London: International African Institute, 1976), 14.
voir aussi Baissa Lamu, “Contending Nationalisms in the Ethiopian
Empire State and the Oromo Struggle for Self-Determination,” dans
Oromo Nationalism and the Ethiopian Discourse, ed. Asafa Jalata
(Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1998), 86.
28.
Fernyhough, “Serfs, Slaves and Shefta,” 181–82; Darley, Slavery
and Ivory in Abyssinia, 130–31.
29.
Mohammed Hassen, “A Short History of Oromo Colonial Experience:
Colonial Consolidation and Resistance, 1935–2000, Part Two,”
Journal of Oromo Studies 7, nos. 1 and 2 (July 2000): 117–18. See
also John Markakis and Naga Ayella, eds., Nationalism and Conflict
in the Horn of Africa (Cambridge: Cambridge University Press, 1989),
55–60.
30.
Donald Donham, “Old Abyssinia and the New Ethiopian Empire: Themes
in Social History,” in The Southern Marches of Imperial Ethiopia:
Essays in 44 Mohammed Hassen History and Social Anthropology, ed.
Donald Donham and Wendy James (Cambridge: Cambridge University Press,
1986), 13.
31.
Teshale Tibebu, The Making of Modern Ethiopia, 1896–1974
(Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1995), 18.
32.
Edmond Keller, “Regime Change and Ethno-Regionalism in Ethiopia:
The Case of the Oromo,” in Oromo Nationalism and the Ethiopian
Discourse: The Search for Freedom and Democracy , ed. Asafa Jalata
(Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1998), 121.
33.
Mekuria Bulcha, “Language, Ethnic Identity and Nationalism in
Ethiopia,” The Oromo Commentary 3, no. 2 (1993): 9–11.
34.
Paul Baxter, “Ethiopia’s Unacknowledged Problem: The Oromo,”
African Affairs 77: 308 (1978): 288.
35.
Mohammed Hassen, The Oromo of Ethiopia: A History, 1570–1860
(Cambridge: Cambridge University Press 1990), 3.
36.
Bulcha, “Language, Ethnic Identity and Nationalism,” 11.
37.
Cité dans Chalk and Jonassohn, The History and Sociology of
Genocide, 9.
38.
Ernest Gellner, Nations and Nationalism (Ithaca, NY: Cornell
University Press, 1991), 85.
39.
René Lefort, Ethiopia: An Heretical Revolution? (London: Zed Press,
1981), 110.
40.
Pour un examen des droits de l’homme en Éthiopie pendant la
période impériale, voir Norman J. Singer, “Ethiopia: Human
Rights, 1948–1978,” dans Proceedings of the Fifth International
Conference on Ethiopian Studies, ed. Robert L. Hess (Chicago: Office
of Publications Services, University of Illinois at Chicago Circle,
1978), 672.
41.
Taddesse Birru était l’officier militaire qui a fourni à Nelson
Mandela sa première formation militaire en 1962 près d’Addis-Abeba.
Nelson Mandela, Long Walk to Freedom: The Autobiography of Nelson
Mandela (Boston: Little Brown Company, 1994), 362–63.
42.
Mohammed Hassen and Richard Greenfield, “The Oromo Nation and Its
Resistance to Amhara Colonial Administrations,” in Proceedings of
the
First
International Congress of Somali Studies, ed. Hussein M. Adam and
Charles L. Geshekter (Atlanta: Scholars Press, 1992), 591.
43.
Ibid., 596.
44.
Jason Clay, Sandra Steingraber, and Peter Niggli, The Spoils of
Famine: Ethiopian Famine Policy and Peasant Agriculture (Cambridge,
MA: Cultural Survival, 1988), 115–24.
45.
Hassen and Greenfield, “The Oromo Nation and Its Resistance to
Amhara Colonial Administrations,” 596.
46.
Selon une source, « environ 2 millions, soit 7 % de la population de
1974 [en Éthiopie] ont été perdus au cours de la période
1974-1991. » Federal Ethiopia at a Cross-Roads, The Path Toward
Justice, The Rule of Law and Sustainable Human Rights and a Critique
of the 1995 Reports of Amnesty International and the New York Branch
of the AAICJ (Addis Ababa: Ethiopian Ministry of Foreign Affairs,
1995), 180.
47.
Tecola Hagos, Democratization in Ethiopia (1991–1994)? A Personal
View (Cambridge, MA: Kherera Publishers, 1995), 97.
48.
Leenco Lata, “The Making and Unmaking of Ethiopia’s Transitional
Charter,” in Oromo Nationalism and the Ethiopia Discourse, ed.
Asafa Jalata, (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1998), 56.
49.
Ibid.
50.
“The Transitional Period Charter of Ethiopia,” Negarit Gazetta
(22 July 1991): 1.
51.
William Zartman, “Introduction: Causing the Problem of State
Collapse,” in
Collapsed
States: The Disintegration and Restoration of Legitimate Authority,
ed. William Zartman (Boulder, CO: Lynne Rienner, 1995), 5.
52.
Leenco Lata, The Ethiopian State at the Crossroads: Decolonization
and Democratization or Disintegration (Lawrenceville, NJ: Red Sea
Press, 1999), 59.
53.
Keller, “Regime Change and Ethno-Regionalism in Ethiopia,” 110,
114.
54.
Oromo Bulletin: A Communiqué Published by the Oromo Center
(Washington, DC: Oromo Center, 1992), 1–10.
55.
P. McDonald, Témoignage préparé pour présentation à the House of
Foreign Relations Subcommittee on African Affairs, U.S. House of
Representatives (Unpublished, 1992), 2–9.
56.
Paulos Milkias, “The Great Purge and Ideological Paradox in
Contemporary Ethiopian Politics,” Horn of Africa, 19, nos. 1 and 2
(2001): 61–62.
57.
Gilbert Kulick, “Ethiopia’s Hollow Election Observing Forms,”
Foreign Service Journal 69: 9 (September 1992): 41–45.
58.
Marina Ottaway, “Democratization in Collapsed States,” in
Collapsed States: The Disintegration and Restoration of Legitimate
Authority, ed. William Zartman (Boulder, CO: Lynne Rienner, 1995),
238–39.
59.
Milkias, “The Great Purge and Ideological Paradox in Contemporary
Ethiopian Politics,” 76.
60.
Ethiopian Herald (Addis Ababa), 2 May 1998.
61.
Human Rights Watch/Africa, Report on Ethiopia (New York: Human Rights
Watch, 1997), 3.
62.
Ethiopian Herald (Addis Ababa), 4 May 1998.
63.
Amnesty International Report 1997: Ethiopia. http://www.amnesty.org/
ailib/aireport/ar97/AFR25.htm.
64.
Human Rights Watch/Africa, Report on Ethiopia, 6. 46 Mohammed Hassen
65.
Trevor Trueman, “Oromia Support Group Press Release,” no. 21,
(January February 1998), 17.
66.
Hagos, Democratization in Ethiopia, 97.
67.
Ottaway, “Democratization in Collapsed States,” 235.
68.
Mohammed Hassen, “Ethiopia: Missed Opportunities for Peaceful
Process,” in State Building and Democratization in Africa: Faith,
Hope and Realities, ed. Kidane Mengisteab and Cyril Daddieh
(Westport, CT: Praeger, 1999), 246.
69.
George Sorenson, Democracy and Democratization: Dilemmas in World
Politics (Boulder, CO: Westview, 1993), 12.
70.
Hagos, “Democratization in Ethiopia,” 135–36.
71.
Milkias, “The Great Purge and Ideological Paradox in Contemporary
Ethiopian Politics,” 55–56.
72.
Trueman, “Oromia Support Group Press Release,” no. 21,
(January–February 1998), 6.
73.Christian
Science Monitor 23 (April 1998) Section A, 3.
74.
On a rapporté que « la mise de fonds et les dépenses pour la
sécurité du gouvernement éthiopien actuel et de ses dirigeants
sont presque deux fois plus élevées que celles du gouvernement
précédent. » Tecola Hagos, Demystifying Political Thought, Power,
and Economic Development (Washington, DC: Khepera Publishers, 1999),
50–51.
75.
Mekuria Bulcha, “A Note on the New Reign of Terror in Ethiopia,”
The Oromo Commentary 6, no. 1 (1996): 3.voir aussi MaKau Wa Mutua,
Preface to Democracy, Rule of Law and Human Rights in Ethiopia:
Rhetoric and Practice (Addis Ababa: Ethiopian Human Rights Council,
1995).
76.
Trevor Trueman, “Oromia Support Group Press Release,” no. 22,
(March 1998), 10; Hagos, Democratization, 135–36.
77.
Susan Pollack, “Ethiopia: Human Tragedy in the Making,” The Oromo
Commentary 5, no. 1 (1996), 12.
78.
Ibid.
79.
Oromo Bulletin (1992), 1–2.
80.
Pollack, “Ethiopia: Human Tragedy,” 10.
81.
Les exemples d’exécutions extrajudiciaires à Addis-Abeba
abondent, mais quelques-uns pourraient être cités ici pour faire le
point. Ebbisa Addunya, un chanteur nationaliste Oromo a été tué
dans sa maison par des agents de sécurité du gouvernement. Wako
Tola, nationaliste oromo et enseignant à l’école de Sanford, est
décédé alors qu’il était détenu, soupçonné d’avoir appuyé
le OLF : “Oromia Support Group Press Release” (May–June 1997),
1. Ethiopian Review (May–June 1997): 17–18. Haile Kebede, éminent
avocat et critique virulent du régime TPLF/EPRDF, a été tué de
sang-froid. Ethiopian Review (July–August 1997). Le 8 octobre 1997,
Terefe Qumbii, directeur des biens et services à la Haute Cour
d’Oromia, et le capitaine Gudissa Annisa et Tesfaye Kumsissa ont
été fusillés à Addis-Abeba : “Oromia Support Group Press
Release,” no. 20 (November–December 1997), 2.
82.
“Oromia Support Group Press Release,” no. 20 (November–December
1997), 2.
83.
Asafa Jalata, “U.S. Sponsored Ethiopian Democracy and State
Terrorism,” in Crisis and Terrorism in the Horn of Africa: Autopsy
of Democracy, Human Rights and Freedom, ed. Pietro Toggia et al.
(Burlington, VT: Ashgate, 2000): 79–80; “Oromia Support Group
Press Release,” no. 19 (September 1997), 8.
84.
U.S. Department of State, Country Report on Human Rights Practice in
Ethiopia for 2000 (Washington, DC: Bureau of Democracy, Human Rights,
and Labor, 23 February 2001), 1.
85.
Gadado: Publication of Oromo Prisoners of War 26 (1996), 1.
86.
U.S. Department of State, Country Report 2000, 1.
87.
Hassen Ali a été président d’Oromia (1992-1995) et
vice-président (1995-1998) et membre du Comité central du Parti
EPRDF au pouvoir. Depuis l’été 1998, Hassen Ali vit aux
États-Unis.
88.
Hassen Ali, cité dans Sagalee Haaraa, no. 28 (May–July 1999), 3.
89.
Ibid.
90.
Pour mémoire (publié tous les trimestres par the Alliance for
Peace, Democracy and Defense of Human Rights in Ethiopia) 2, no. 2
(1996): 7.
91.
U.S. Department of State, Country Report 2000, 7.
92.
Christian Science Monitor, 23 April 1998, Section A, 3.
93.
Pollack, “Human Tragedy,” 12.
94.
Oromia Support Group Press Relase (May/June 1997), 6.
95.
Ibid.
96.
“Oromia Support Group Press Release,” no. 20 (November–December
1997), 2.
97.
Trevor Trueman and Sue Pollack, “Human Rights Violations in
Ethiopia,” in
Oromo
Struggle for Self-Determination and International Political
Environment: Proceedings of the Oromo Studies Association, ed. Guluma
Gemeda and Bichaka Fayissa (July 1998), 16.
98.
Ibid.
99.
Hassen Ali, cité dans Sagalee Haaraa (November 1999), 1–2.
100.
Seyoum Hameso, “The Sidama Perspective on the Coalition of the
Oppressed Nations,” Oromo Struggle for Self-Determination and
International Political Environment: Proceedings of the Oromo Studies
Association, 39.
101.
Bulletin de fin d’études Oromo Graduates of Finfinnee University
of 1993–1994 (1994), 30.
102.
Pollack, “Human Tragedy,” 10. 48 Mohammed Hassen
103.
Dechassa Lemessa and Matthew Perault, “Forest Fires in Ethiopia:
Reflections on Socio-Economic and Environmental Effects of the Fires
in 2000,” Journal of Oromo Studies 9, nos. 1 and 2 (July 2002):
96–130.
104.
Kenyan Human Rights Commission Report, cité dans “Oromia Support
Group Press Release,” (January–February 1997), 2.
105.
Ibid.
106.
Daily Nation (Nairobi), 16 February 2001.
107.
Bruma Fossati et al., Documentation: The New Rulers of Ethiopia and
the Persecution of the Oromo (Frankfurt am Main: Evangelischer
Pressedientu, 1997), 1–56; Sagalee Haaraa, no. 30 (February 2000),
1–3.
108.
Sagalee Haaraa, no. 37 (July 2002), 8.
109.
Le nationalisme étroit est défini comme « l’ensemble des vues et
des actions des intellectuels de haut niveau et des grands hommes
d’affaires dont l’ambition est de monopoliser le pouvoir et
d’imposer leur volonté au peuple de leur propre
nation/nationalité. ” Hizbaawi Adera 4, no. 7 (December
1996–February 1997). Je suis profondément redevable au professeur
Tilahun Gamta pour sa traduction de ce numéro du Hizbaawi Adera.
110.
Hizbaawi Adera 4, no. 7: 11.
111.
Ibid.
112.
Sagalee Haaraa, no. 21 (January–February 1998), 6.
113.
Moti Biyya, dans Urjii (Addis Ababa), 16 July 1997, 22 July 1997, 29
July 1997, et 5 August 1997.
114.
Almaz Mako, press release (13 August 2001), 1.
115.
La Charte transitoire, annexe à Lata, The Ethiopian State at the
Crossroads, 256.
116.
Hagos, Democratization, 173; MaKau Wa Mutua, Preface to Democracy,
Rule
of Law and Human Rights in Ethiopia, 7.
117.
U.S. Department of State, Country Report on Human Rights Practice in
Ethiopia for 2001 (Washington, DC: Bureau of Democracy, Human Rights,
and Labor, 4 March 2002), 1–2.
118.
« Le Parlement européen condamne les violations des droits de
l’homme en Éthiopie », déclaration inédite de deux pages (18
September 1997), 1-2.
119.
Amnesty International, Ethiopia: Journalist in Prison Press Freedom
under Attack (AI Index: AFR 25/10/98, April 1998), 1 and 2.
http://web.amnesty.org/
library/pdf/AFR250101998ENGLISH/$File/AFR2501098.pdf.
120.
Daniel Elazar, Exploring Federalism (Tuscaloosa: University of
Alabama Press, 1987), 331.
Oda, le « saint »
sycomore
|
Palais de Makonnen Wolde
Mikael à Harar. Général et le gouverneur de la province d'Harar en
Éthiopie. Père de Tafari Mäkonnen (Haile Selassie I). 8 mai 1852 –
21 mars 1906.
|
Un autre article sur l'histoire des Oromo d'Étiopie, en français vous attend sur: http://lemmioromo.blogspot.com/
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