dimanche 25 août 2019

une Évaluation Historique de la Conditions des Droits de l'homme en Éthiopie, vers les années 1880-2002

 Un autre article sur l'histoire des Oromo d'Étiopie, en français vous attend sur: http://lemmioromo.blogspot.com/



Cet article a été traduit en français pour que les francophones ne puissent pas dire qu'ils ne connaissent pas la situation politique et humanitaire de l'Éthiopie, car il n'existerait pas de textes dans cette langue.
La situation récente semble évoluer vers le mieux depuis l’élection du Premier ministre Abi Ahmed, de père oromo musulman et de mère amhara chrétienne orthodoxe.
Cependant la situation reste très fragile, comme nous le montre les événements récents et un retour à un régime autoritaire n'est pas à exclure !
Bonne lecture.

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Conquête, Tyrannie et Ethnocide

Contre les Oromo: une Évaluation

Historique de la Conditions des

Droits de l'homme en Éthiopie,

vers les années 1880-2002

Mohammed Hassen

Université d'État de la Géorgie, Atlanta

Cet article tente d’évaluer les conditions des droits de l’homme des Oromo sous quatre régimes éthiopiens. À partir de la conquête et de l’intégration du pays Oromo dans l’empire éthiopien, il fournit une vue d’ensemble des brutalités et des déprédations dont les oromos ont souffert de la part des Soldats et administrateurs éthiopiens sous Menelik (entre 1880-1913) et les attaques concertées contre le patrimoine culturel Oromo, la langue et l'identité nationale pendant les six décennies où Haile Sellassie a dominé le paysage politique éthiopien (1916-1974). Il examine ensuite la violence contre l’identité nationale oromo et la tentative de modifier la composition démographique du pays Oromo par le régime militaro-socialiste éthiopien (1974-1991) et les violations massives des droits de l'homme perpétrées contre les Oromo depuis 1992 au nom de la démocratie et du fédéralisme.
Dans l’ensemble, l’article montre que depuis plus d’un siècle, les oromos subissent des attaques incessantes contre leurs droits individuels, leur identité nationale, leurs institutions culturelles et leurs organisations indépendantes. L’Éthiopie doit encore produire un gouvernement qui respecte les droits de l'homme des Oromo.
Avant de poursuivre, j’aimerais faire quelques mises en garde. Premièrement, la définition des droits de l'homme varie en fonction de considérations culturelles, historiques, politiques, économiques et idéologiques. Dans cet article, je vais suivre la définition de Mahmood Monshipuri: [...] la notion de droits de l'homme [...] renvoie aux [...] Droits civils et politiques ; le droit à la vie, à la vie privée, à un procès équitable, à être traité avec humanité, prohibition de la torture et de l’esclavage, la liberté de circulation et de séjour; le droit de ne pas être arrêté ou détenu arbitrairement, la participation à la vie politique et l’égalité de protection en vertu de la loi.
15 © Northeast African Studies (ISSN 0740-9133)
Vol. 9, No. 3 (New Series) 2002, pp. 15–50

Deuxièmement, « les historiens, en général, sont plus à l’aise avec les événements qui ont pu se régler au fil du temps. » Il est plus facile de discuter de la situation des droits de l’homme des Oromo avant 1991, une époque qui appartient à l’histoire, que depuis 1991, une période historique fortement contestée. Comme je l’ai noté ailleurs, « le présent est un moment psychologique chargé d’émotion ».
Bien qu’il soit possible de présenter un tableau relativement objectif des conditions des droits de l’homme des Oromo sur la base du dossier produit par des écrivains éthiopiens et étrangers, on ne peut échapper à l'accusation d’exagération du sort du peuple Oromo et de se livrer à de la propagande contre le Front de Libération du Peuple Tigré (TPLF).
Mon but est néanmoins de documenter les conditions des droits de l’homme des Oromo en tant qu’érudit fidèle aux canons et à la norme pratique de ma discipline.
Si cet article encourage les autres à écrire sur la situation des droits de l’homme en Éthiopie, son objectif aura été atteint.
Troisièmement, les Oromo n’ont pas d’amis influents en position de pouvoir parmi les gouvernements et les médias occidentaux. les oromos de la diaspora n’ont pas la force et les ressources numériques nécessaires pour capter l’attention des gouvernements ou des médias. Par conséquent, les souffrances des Oromo ont reçu une faible attention internationale. L’apparente indifférence occidentale à la misère des Oromos a encouragé les autorités du TPLF à poursuivre impunément leurs violations des droits de l’homme des oromo. Je crois que mon devoir envers les victimes de violations des droits de l'homme est de « consigner leur situation afin qu’elles ne soient pas oubliées par l’histoire et que l’histoire ne soit pas réécrite pour dissimuler ou déformer des faits embarrassants ».
Cet article est une tentative de contribuer de façon modeste à l’effort d’enregistrer le passé dans sa totalité afin que les générations futures n’aient pas à revivre leur passé torturé. L’espace ne me permet pas de fournir un compte rendu complet de la situation des droits de l’homme en Éthiopie entre les années 1880 et 2002.
Au lieu d’un examen détaillé, je vais décrire les caractéristiques saillantes des conditions des droits de l’homme vécues par le peuple Oromo au cours du siècle qui a suivi les conquêtes de Menelik dans les années 1880, et je vais me concentrer en particulier sur la période postérieure à 1991.

Conquête, exploitation, et acculturation:
période impériale, 1880-1974.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, le flux régulier de la technologie de guerre européenne en Abyssinie et son absence (virtuelle ?) du territoire Oromo a facilité et augmenté les raids abyssiniens pour la capture d'esclaves et de bétail dans ces territoires, ce qui a augmenté à son tour le désir des Abyssins pour une occupation permanente du territoire Oromo.
À la fin du siècle, la conquête et l’occupation du territoire Oromo avaient été accomplies par le roi Ménélik du Shewa (1865-1869), plus tard empereur d’Éthiopie (1889-1913). Bien que les Oromos aient mis en place une forte résistance, les soldats de Ménélik ont utilisé la supériorité de leurs armes modernes européennes pour leur infliger de lourdes pertes. Ce sont les Oromo de l’Arsi qui leurs opposèrent la plus forte et la plus longue résistance (1879-1886) et subirent les plus lourdes destructions. Expliquant la brutalité des conquérants, Abbas Haji écrit : les mutilations semblent avoir été une stratégie bien pensée et ont été systématiquement utilisées pendant la guerre de conquête contre les sociétés montrant une résistance obstinée.
Après l’échec de quatre campagnes dirigées par Ménélik en personne, l’armée du Shoa [Shewa] était loin d'être victorieuse, alors ils ont introduit la mutilation systématique de la main droite des hommes et de la poitrine (du sein) droite des femmes, pour terrifier les Arsi et les contraindre à abandonner leur lutte. On croyait qu’ils ne se soumettraient jamais. Ces actions inhumaines, selon Mekuria Bulcha, étaient destinées à augmenter l’impact psychologique sur la résistance des oromos de l'Arsi. En septembre 1886, à un endroit (lieu) appelé Azule, l’armée de Ras Darghe,
l’oncle de Ménélik, a massacré 12000 oromos de l'Arsi; alors qu’à Anole, « des milliers de membres et de seins mutilés ont été attachés autour du cou des victimes qui ont été renvoyées dans leurs villages. D’autres mains mutilées étaient
accrochées à un arbre sous lequel les soldats du Shoa [Shewa] chantaient et
dansaient pour célébrer cet exploit. » Les oromos de l'Arsi se souviennent de cet événement jusqu’à ce jour comme « Bara harka fi harma muraa Anole » (l’année de la mutilation des seins à Anole). La façon dont les conquêtes ont été menées a eu des effets durables. Un voyageur anglais qui a traversé le pays Arsi quatre ans après
la conquête, a dit ceci au sujet des dévastations qu’il a observées : maintenant c'était le temps pour les Terribles [Oromos] d’apparaître. Où était le pays grouillant de guerriers lustrés ? Certainement pas ici ! Ce que nous avons trouvé quand nous progressions était seulement quelques villages pauvres d’une centaine de huttes chacun et les indigènes présentaient l'aspect le plus abject imaginable. Il y a seulement quatre ans, ils devaient être une belle race d’hommes. Ils aimaient nous parler de leur ancienne gloire; leurs yeux s’illuminaient, et ils oubliaient pour l’instant leur état actuel. Maintenant les Abyssiniens sont les maîtres, et ces pauvres gens ne sont que le reste d’une grande tribu. . . . L’Arussa [Arsi Oromo], ici comme ailleurs, ont été considérés comme des esclaves et ont même été vendus sur le marché en tant que tel.
Les troupes étaient bien entraînées et armées de Remington ou de fusils français.
La nature impitoyable de la guerre de Ménélik et la dévastation des Oromo ont constitué un modèle suivi dans d’autres régions conquises et signifiaient plus que des violations des droits de l’homme. Martial de Salviac, un missionnaire français qui vécut dans le pays Oromo pendant la conquête, a observé que la guerre de conquête de Ménélik et les calamités naturelles qui ont suivi ont réduit la population Oromo estimée à 10 millions en 1870 à 5 millions en 1900.
Alexander Bulatovich, un officier russe qui a visité de vastes régions du territoire Oromo entre 1896 et 1897 et a recueilli des informations à la fois des soldats de Ménélik et de leurs victimes Oromo, a conclu que « L’anéantissement épouvantable de plus de la moitié de la population pendant la conquête a enlevé aux Galla [Oromo] toute possibilité de penser à toutes sorte de soulèvement. »
Après les conquêtes, les institutions Oromos du gouvernement autonome (y compris l’assemblée « Chafee » ou le parlement) ont été abolies.
Les dirigeants autochtones ont été liquidés ou cooptés, les terres confisquées et les institutions culturelles détruites. Les conquérants interdirent les pèlerinages religieux sur la terre d’Abba Muuddaa et pillèrent la propriété des communautés établies et pastorales.
Comme indiqué précédemment, la population des Oromo a été considérablement réduite en raison des massacres commis dans de nombreux endroits par les Abyssins.
Les massacres ont été commis précisément pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles des génocides ont été commis tout au long de l’histoire. Les savants ont observé qu’un fort désir d’exploiter la richesse des conquis a été le facteur le plus important dans le déclenchement du génocide. Comme on l’a fait remarquer, « lorsque la richesse prenait la forme de terres fertiles et d’autres ressources primaires [...] [elle] ne pouvait être acquise que par l’occupation de la terre, l’asservissement ou l’extermination de la population autochtone. »
De plus, « la plupart des génocides ont été commis dans la construction et le maintien d’empires ». Plus important encore, le génocide s’est produit dans un climat politique où les différences entre les auteurs et les victimes « étaient particulièrement importantes en termes de religion, de langue, de manières, de coutumes, etc, alors que d’autres étaient considérés comme moins que pleinement humains, comme des païens, des sauvages ou même des animaux. » L’ambition débridée de Ménélik d’exploiter « les terres vertes et luxuriantes du pays Oromo et leurs produits illimités (or, civet, ivoire et café) et [leurs] marchés prospères » était le principal motif de son entreprise de construction d’empire, qui a abouti à l’unique, massacre de masse des Oromo. Les soldats abyssiniens ont été désinhibés dans leurs meurtres parce que les Oromo étaient différents d’eux en termes de religion, langue, coutume, culture, mode de vie, et de philosophie politique. Les atrocités endurées par les Oromo lors de la conquête de Ménélik constituent un génocide au sens strict du terme.
La guerre de conquête, qui a produit des milliers de captifs pour l’empereur et ses généraux, a intensifié la traite des esclaves et l’esclavage en Éthiopie, gagnant pour Ménélik l’ignoble épithète du « plus grand entrepreneur d’esclaves ». L’empereur chrétien d’Éthiopie, connu pour avoir émis un certain nombre de proclamations abolissant la traite des esclaves, aurait possédé 70000 esclaves domestiques au début du XXe siècle, tandis que ses généraux et soldats étaient des esclavagistes qui ont dépeuplé un certain nombre de domaines. Perpétuer l’esclavage dans les régions conquises avait le double objectif de faire payer les colonies pour leur propre conquête et de donner l’occasion d’inculquer aux esclaves païens les vertus et l’amour chrétiens. En effet, il était plus facile pour les Abyssiniens d’assimiler les esclaves que les êtres humains libres. Les territoires conquis des Oromo ont connu un déclin catastrophique de la population et des niveaux d’exploitation sans précédent en raison de l’avarice des gouverneurs coloniaux de Ménélik et des colons armés des terres du nord, connues sous le nom de naftayna, qui reçurent des terres et des ouvriers. Dans la plupart des régions, les deux tiers des terres des Oromo ont été enlevées et réparties entre la naftayna, l’église orthodoxe et l’État. Seulement un tiers resta pour les Oromo, à condition qu’ils fournissent du travail forcé aux colons armés, ainsi que des taxes, des droits et des dîmes à la cour impériale et à l’église orthodoxe. L’établissement colonial de Ménélik dans tout le territoire oromo a été construit et soutenu par le travail des agriculteurs Oromos, dont le statut a été réduit à celui de Gabbars (serfs). Comme les colons armés n’étaient pas rémunérés et qu’ils ne s’adonnaient pas à des activités productives, on leur a donné les Gabbars Oromo au lieu d’un salaire « comme bien matériel à posséder et à utiliser ». Des obligations lourdes et épuisantes ont été imposées au Gabbar Oromo, qui, selon un chercheur, a dû céder une partie du produit de sa terre au propriétaire comme tribut. Le montant variait entre un quart et un tiers, mais il était généralement plus élevé que le plafond légal qui ne devrait pas être de plus de trois quarts ! En plus, il avait à payer un dixième de son produit total pour la dîme. Il était également censé fournir à son propriétaire du miel, de la viande et du bois de chauffage, de l’herbe séchée et divers autres articles. Le travail était un fardeau supplémentaire, il devait moudre la part du propriétaire du grain, le transporter à sa résidence, construire sa maison, entretenir ses clôtures, s’occuper de ses animaux et agir comme porteur, escorte ou messager. Il y avait une obligation de présenter des cadeaux pendant les fêtes religieuses et autres occasions sociales. Les multiples exactions imposées aux Gabbars Oromo ont entraîné la perte de portions considérables de la production [Gabbars], d’un service de main-d’œuvre onéreux et de nombreuses autres impositions. Quand les gouverneurs et leurs partisans ont été transférés d’une région à l’autre, ils ont emporté avec eux leurs Gabbars privés.
Réduit au statut de Gabbar et contrôlé par les prédateurs naftayna, les Oromo se sont vu niés non seulement les droits fondamentaux de l'homme, mais aussi les droits fondamentaux de subsistance. La violation des droits de subsistance des Oromo s’est poursuivie sous le régime de l’empereur Hailé Séllassié. La politique de développement limitée de l’empereur dans les régions Oromos ne montra aucun souci pour leur vie. Par exemple, la concession de terres accordée à une société néerlandaise (HVA) pour les plantations de sucres de Wanji et de Metahara dans la vallée supérieure de la rivière Awash a entraîné la dispersion des communautés oromos Jille et Karrayyu.
Après avoir perdu leur pâturage traditionnel, la communauté des Jille s'est désintégré et ils ont pratiquement disparu. La population Karrayyu est passée de plus de 200 000 à moins de 10 000 aujourd’hui. Après avoir perdu leurs pâturages traditionnels, les Karrayyu ont été forcés de se réfugier dans des zones infestées par le paludisme où la maladie mortelle s’est combinée aux attaques des forces gouvernementales éthiopiennes et aux raids pour le bétail qui ont accéléré leur destruction.
L’exploitation économique s’est accompagnée d’une déshumanisation socioculturelle et psychologique des Oromo. Aux yeux de nombreux Éthiopiens, comme Donald Donham l’a vivement observé, les « Galla étaient des païens. Ils n’étaient pas civilisés. Ye Galla Chewa ye Gomen Choma yellem (il est impossible de trouver un Galla gentleman comme il est impossible de trouver la graisse dans les légumes) ou encore Galla Inna shinfilla biyatbutim aytera (même si vous leur lavez, l’intérieur de l’estomac, un Galla ne sera jamais propre). » Dans une expression amharique, les oromos ont été assimilés à des excréments humains : « Gallana Sagara eyadar yegamal » (Les Galla et les excréments humains puent de plus en plus chaque jour qui passe). Dans une autre, même l’humanité des Oromo a été interrogée : « Saw Naw Galla ? » (Est-ce humain ou Galla ?). L’attaque contre la culture et l’identité des Oromo faisait partie de la politique de remplacement par la culture Amhara, qui a été poursuivie avec plus d’intensité pendant le long règne d'Hailé Séllassié (1930-74) dans le but d’assurer la domination de la culture amharique et le pouvoir de l’élite Amhara. Afin de mettre en œuvre la politique gouvernementale de remplacement par la culture Amhara ou de destruction de la culture des Oromo, les sanctuaires culturels et religieux oromo et les lieux de culte ont été détruits. Les noms de lieux oromos ont été remplacés par des noms amhariques. Il était interdit d’utiliser la langue oromo pour la prédication, l’enseignement et l’écriture. L’identité nationale oromo a été attaquée et le mode de vie oromo a été condamné de toutes les façons. Le système d’éducation, les institutions culturelles et la bureaucratie gouvernementale du régime ont été déployés dans le but précis de dénigrer le peuple oromo, son histoire, sa culture et son mode de vie. Tout cela a été fait pour assurer « la mise en place de l’hégémonie de la culture amhara déguisée en culture éthiopienne ». La production de la littérature en langue oromo a été interdite. Dans les manuels scolaires, [l'] Oromo a été décrit comme une personne sans culture, sans histoire et sans héros... [et] caractérisé non seulement comme non civilisé, mais non civilisable. La langue et la culture oromo ont été réduites à des signes d’analphabétisme, de honte et d’arriération alors que les écoles incitaient les enfants Oromos à se conformer à la culture amhara. » En raison de la barrière linguistique, les oromos n’avaient pas pleinement accès aux recours juridiques et les recours dans les affaires civiles ou criminelles parce que « devant un tribunal ou devant un fonctionnaire, un Oromo devait parler amharique ou avoir recours à un interprète. Même une affaire entre deux oromos, devant un magistrat de langue oromo, devait être entendue en amharique. »
Les enfants orphelins ont été privés de leur langue, de leur culture et de leur identité, ce qui a détruit leur fierté à l’égard de leur patrimoine culturel et les a enchaînés sans aucune foi en eux-mêmes, en leur histoire ou en leur identité nationale. « Les élites dirigeantes d’Amhara croient toujours que pour être éthiopien, il faut cesser d’être Oromo. Les deux choses étaient ou sont considérées comme incompatibles. » Ces mesures constituaient des actes « d’ethnocide — un terme inventé par les Français après la Seconde Guerre mondiale pour couvrir la destruction d’une culture sans tuer ses porteurs — et étaient également qualifiées de génocide ». C’est ce genre d’inhumanité qui a amené Ernest Gellner à décrire l’Éthiopie comme « une prison des nations, si jamais il y en avait une ». Le mépris effronté pour les droits politiques, économiques et culturels des Oromo a continué sans relâche et, d’une certaine façon, a ouvert la voie à la Révolution éthiopienne de 1974, qui a amené de jeunes officiers militaires au pouvoir.
Tyrannie, ethnocide et destruction de l’identité :
la période du gouvernement militaire, 1974–91.
Le régime militaire, connu sous le nom de Derg, a pris le contrôle de facto du gouvernement le 28 juin 1974, promettant une révolution sans effusion de sang. Cette promesse a accru les aspirations des Oromo à regagner leurs terres, leurs droits politiques, leur dignité humaine et leur égalité. Selon René Lefort, la peur d’un soulèvement des Oromo et la volonté de l’empêcher ont forcé le régime militaire à adopter des mesures aussi radicales que la proclamation de la redistribution des terres de 1975. Les efforts déployés par le régime pour apaiser les Oromo n’ont toutefois pas arrêté la montée inexorable du réveil politique des Oromo, qui a mené à la création du Front de libération Oromo (OLF) en 1974. Cependant, il n’a pas fallu longtemps pour que le Derg répande le sang des Oromo. En août 1974, sous prétexte de combattre une douzaine de guérilleros de l’OLF, le régime militaire éthiopien envoya plus de 1000 soldats et dix chars d’assaut. Ils ont soudainement attaqué des paysans oromos non armés au Chercher (Éthiopie orientale), tuant plusieurs femmes, enfants et hommes dont Ellemo Quiltu, chef du petit mouvement de guérilla. En avril 1975, le Derg exécute le colonel Hailu Regassa et le général Taddesse Birru, symbole du nationalisme Oromo et incarnation de l’aspiration Oromo à l’égalité, après trois heures de procès secret et sont enterrés le même jour dans une tombe secrète. C’était la « justice » du Derg à son meilleur. Le fait que le Derg était déterminé à détruire le nationalisme Oromo en tuant ses dirigeants est devenu évident en avril 1976. Des centaines de paysans oromos ont été massacrés dans les provinces de Kaffa, Illu-Abbabora, Arsi, Bale et Harerge. C’était la première fois au XXe siècle que des oromos dans six provinces ont été attaqués simultanément. Une étude a noté : de tous les massacres criminels de mars 1975 à avril 1976, le massacre le plus révoltant et d’inspiration raciale a été celui mené dans la province du Sidamo contre les Oromo Gujji. En novembre et décembre 1975, le major Takkala Wolde, administrateur d’Arero awraja (district), avec le major Ketema Aytenfisu [...] a provoqué un tollé public important en brûlant vivant un certain nombre de paysans Oromo et leurs dirigeants. Au cours de leur campagne de deux mois de « pacification », ils ont déclenché la destruction délibérée de [personnes] et de biens. On estime qu’en l’espace de deux mois, plus de 10 000 hommes, femmes et enfants Oromos sans armes et sans défense ont été déplacés, et beaucoup d’entre eux ont été tués dans la province du Sidamo. La décision de réaliser ces atrocités a probablement été prise au plus haut niveau du gouvernement. Lorsque la nouvelle du massacre et de l’incendie de villages paysans a atteint la capitale éthiopienne, où existaient de grandes communautés diplomatiques et expatriées, le régime militaire éthiopien a été embarrassé et a « puni » les coupables. L’administrateur du district a été pendu et le major Ketema Aytenfisu a été expulsé du Derg, mais il a été en fait récompensé par un emploi mieux rémunéré et plus d’avantages en tant que membre du personnel de l’administration du palais.
Pendant la guerre d’Éthiopie-Somalie de 1977, lorsque l’armée somalienne régulière a envahi l’Ogaden et a occupé la ville de Jijiga, l’administration éthiopienne s’est effondrée partout dans la province du Harerge. L’armée éthiopienne démoralisée, déshonorée, frustrée et vaincue, la police et la bureaucratie ont blâmé les agriculteurs Oromos qui auraient agi comme un cheval de Troie pour les forces somaliennes envahissantes. Les agriculteurs Oromos ont été faits le bouc émissaire commode pour l’armée et l’administration Amhara, dans un effort pour réparer leur moral endommagé et leur fierté. Ce faisant, des milliers d’Oromos ont été emprisonnés et tués. Beaucoup d’autres ont fui leurs foyers, cherchant refuge dans les pays voisins de la province du Harerge. En 1977, ironie de l’histoire, les propriétaires Amhara, qui en 1974 se sont opposés à la révolution, sont devenus ses ardents défenseurs et protecteurs. Les propriétaires Amhara ont été prompts à punir les paysans oromos pour leur soutien à la révolution. Rien qu’en 1978, on estime que des milliers de paysans oromos ont été tués dans la province du Harerge et que beaucoup d’autres ont été massacrés à Bale, Arsi et Sidamo. D’une manière qui rappelle les conquêtes punitives de Ménélik, le régime militaire adopta une politique de terre brûlée contre les Oromo. En 1978, pillages et massacres sont devenus le lot des paysans Oromo. Dans cette revanche de l’histoire, ce n’était pas tant les événements du XXe siècle qui semblaient se réaffirmer, mais l’esprit féroce de l’époque de la colonisation de Ménélik. Les propriétaires Amhara semblaient regarder en arrière avec nostalgie l’époque de la conquête de Ménélik quand leurs ancêtres pillèrent et pillèrent les paysans Oromos comme ils le voulaient.
Après la guerre, des centaines de milliers d’Oromos qui ont échappé à la mort ont été forcés de fuir vers des camps de réfugiés dans les pays voisins, la Somalie, Djibouti et Kenya. Environ 6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont la moitié étaient des Oromos dans les régions de Bale, Arsi et Sidamo, ont été rassemblées comme du bétail dans des « hameaux protégés » appelés villages paysans. Les agriculteurs ont été forcés d’abandonner leurs fermes et de déménager dans des endroits choisis par le gouvernement. En quelques années, le régime militaire a « déraciné et regroupé plus de 8 millions d’agriculteurs Oromos dans les « nouveaux villages », un euphémisme pour les camps de concentration où la main-d’œuvre et les ressources des Oromo étaient totalement contrôlées et dominées par le régime militaire. » Derrière la destruction systématique des ressources humaines et matérielles des Oromo se trouvait le plan sournois de vider les terres les plus précieuses des Oromo pour faire de la place aux colons du nord. Au milieu des années 1980, le régime a lancé un programme de réinstallation de 3 millions d’habitants du Nord dans le Sud, principalement en pays Oromo. Cela a été fait ostensiblement pour réhabiliter les victimes de la sécheresse et de la famine du nord de l’Éthiopie, mais le but réel était de modifier la composition démographique du pays Oromo. Les plans massifs du gouvernement de la villagisation des paysans, la collectivisation de leurs produits, et la réinstallation des agriculteurs du Nord dans le Sud ont eu l’avantage le plus immédiat pour le gouvernement de contrôler les mouvements des agriculteurs Oromos et de les empêcher de fournir un soutien aux guérillas du OLF dans la région. Le régime militaire éthiopien a ciblé le petit nombre d’Oromo instruits pour la liquidation, les accusant du crime non spécifié du « nationalisme étriqué ». Même la manifestation la plus fondamentale des aspirations nationales des Oromo fut déclarée ennemie majeure de la révolution.
De plus en plus, « sous prétexte de liquider des nationalistes étriqués ou des éléments antiunitaires », quiconque possédait un sens élémentaire de la dignité nationale Oromo, quiconque se préoccupait du sort de la culture, de la langue et de l’histoire des Oromo. est devenu sujet à des mesures révolutionnaires, un euphémisme pour la mort instantanée. » Le meurtre aveugle avait pour but politique de priver les Oromo de dirigeants instruits. Pendant 17 ans, les Oromo ont souffert sous une dictature militaire brutale. on estime que des centaines de milliers d’agriculteurs Oromos ont perdu la vie entre 1974 et 1991, sans parler des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et des milliers de réfugiés dispersés dans de nombreuses régions du monde. Lorsque les auteurs de la souffrance et de la destruction ont été renversés en mai 1991, il y a eu un soupir de soulagement et d’espoir pour un avenir meilleur.
Hégémonie, Violence et Terrorisme d’État : la période de la « démocratie », 1991-2002. Après le renversement du Derg, l'OLF et d’autres organisations Oromos ont participé à une conférence nationale qui a discuté de l’avenir de l’Éthiopie et rédigé un programme de transition vers un ordre démocratique. Le FLO a cosigné la Charte transitoire du nouveau gouvernement éthiopien avec les Forces Démocratiques Révolutionnaires du Peuple Éthiopien (EPRDF), la coalition des diverses organisations ethniques affiliées au Front de Libération du Peuple Tigré (TPLF). Ensuite, l'OLF s’est joint au gouvernement de transition de l’Éthiopie (TGE), que certains ont décrit comme « un gouvernement de coalition représentant trois principaux intérêts : l’intérêt des Oromo, l’intérêt des Amhara et l’intérêt des Tigray, avec d’autres [...] étant considérés comme importants mais secondaires. »
Pour la première fois dans l’histoire éthiopienne moderne, le principe du respect des droits de l’homme a été popularisé en Éthiopie et inscrit dans la Charte transitoire de juillet 1991. La Charte n’était pas un document parfait, mais elle représentait un engagement envers les droits de la personne et les droits démocratiques du peuple.
En tant que programme de transition vers un régime démocratique, la Charte a adopté quatre principes et visait « à transformer les relations entre le colonisateur et les nations colonisées. Ces quatre composantes étaient la suprématie du droit, le partage du pouvoir, la construction d’un État démocratique multinational et l’établissement d’une paix juste. » Espoirs déçus. Selon Leenco Lata, un dirigeant de l’OLF qui a participé à la conférence nationale, la charte n’était pas une proclamation ou un décret des nouveaux dirigeants. C’était plutôt le fruit des délibérations d’un certain nombre de groupes politiques et d’observateurs étrangers. Elle a été approuvé comme « les règles régissant le gouvernement de transition et comme loi suprême du pays pour la période de transition ». La Charte visait à « mettre fin à une ère de soumission et d’oppression et à la remplacer par un nouveau chapitre de « liberté, égalité des droits et autodétermination » de tous les peuples. » La charte visait donc à démocratiser l’État éthiopien unitaire, dominé par un seul groupe ethnique, et à le remplacer par un système fédéral dans lequel tous les citoyens jouissaient de droits égaux. En amorçant une transformation aussi profonde, on espérait que l’État éthiopien serait reconstitué en une autorité légitime qui serait l’organe décisionnel ultime du gouvernement en ce qui concerne le maintien de l’ordre public et le renforcement de la cohésion sociale.
L’avenir était incertain, mais l’humeur dominante chez les Oromo était optimiste.
La Charte de transition intégrait les grands principes des droits politiques et humains et la période de transition devait être le début d’un processus de démocratisation de l’État et d’émancipation des citoyens. Pendant plusieurs mois après la création du gouvernement de transition, la situation des droits de l’homme s’est nettement améliorée en Éthiopie. En 1991, une transition graduelle de l’autoritarisme à la gouvernance démocratique s’est amorcée. On aurait dit qu’une culture politique tolérante se développait en Éthiopie. Divers organismes, dont le TPLF et le OLF, ont collaboré harmonieusement. Pendant une brève période, il a semblé y avoir une fenêtre d’opportunité pour l’établissement d’un système démocratique qui favoriserait les droits de l’homme, le développement économique, et le bien-être social pour favoriser la paix et la stabilité tout en favorisant la coopération et la compréhension mutuelle entre les peuples éthiopiens. Cependant, avant le premier anniversaire du TGE, la démocratie a été abandonnée et le régime autocratique a été rétabli. L’espoir des droits démocratiques a été anéanti lorsque les dirigeants du TPLF ont mis en œuvre des politiques qu’ils avaient conçues bien avant leur victoire militaire pour maintenir le statu quo colonial en pays Oromo. Tout d’abord, la création par le TPLF de l’Organisation Démocratique des Peuples Oromo (OPDO) a conduit à la destruction d’organisations Oromo indépendantes et à une (authentique) représentation des Oromo. Toutes les organisations Oromo indépendantes ont placé leur espoir dans la promesse d’une élection démocratique. Les dirigeants du TPLF, cependant, pleinement conscients que des élections libres et justes n’aboutiraient pas à l’élection de leurs candidats dans les régions Oromos, ont eu recours à la manipulation du processus électoral pour établir la suprématie politique du Tigré.
En 1992, le gouvernement de transition dominé par le TPLF a fermé plus de 200 bureaux de campagne de l’OLF et a emprisonné et tué des centaines de cadres et de partisans de l’OLF avant les élections prévues le 21 juin 1992.
Le processus électoral lui-même, documenté par des observateurs internationaux, a été entaché d’irrégularités et de fraudes flagrantes. En raison du harcèlement, de l’emprisonnement et même de l’assassinat de partisans d’organisations indépendantes, l’OLF et plusieurs autres organisations indépendantes ont dû se retirer de l’élection et du gouvernement de transition. Malgré toute la fanfare et les pièges démocratiques, les élections de 1992 ont été conçues simplement pour donner un vernis de légitimité à l'autorité du TPLF. Alors que les élections feintes leur ont apporté une certaine reconnaissance internationale, à l’interne, les dirigeants éthiopiens ont manqué, pour reprendre les mots d’un observateur, une occasion en or de mettre leur pays sur une nouvelle voie [...] La promesse d’une chance de choisir leurs dirigeants et de gérer leurs propres affaires avait suscité une grande excitation populaire pour cette chose appelée démocratie. Des millions d’Éthiopiens se sont inscrits pour voter, souvent malgré d’énormes obstacles parce qu’ils croyaient que cette fois-ci ce serait différent. Ce qu’ils ont eu, ce sont les mêmes, des promesses brisées, des espoirs trahis et encore une autre permutation de l’intrigue impériale séculaire. L’espoir du peuple Oromo d’une dévolution pacifique du pouvoir a été brisé par la prise de pouvoir flagrante du TPLF. La promesse de l’expérience démocratique s’est transformée en installation de l’hégémonie TPLF en Éthiopie.
Ce qui a été qualifié de première élection multipartite s’est transformé en cérémonie inaugurale d’un système de parti unique. Les dirigeants du TPLF ont appris de l’épisode qu’ils peuvent ignorer l’opinion internationale et manipuler les élections sans vergogne. Les mêmes tactiques ont été répétées lors des élections de 1994, 1995 et 2000. Les dirigeants du TPLF ont utilisé leur armée pour garder leur pouvoir mal acquis, détruire toutes les organisations indépendantes oromos, et faire la guerre au pays Oromo, et ils ont justifié leurs actions comme une défense de la « démocratie révolutionnaire ». une idéologie inventée par les dirigeants du TPLF pour définir l’opposition politique comme ennemie de la démocratie susceptible d’être éliminée.
Contrairement aux régimes éthiopiens précédents, le gouvernement actuel souscrit en principe aux conventions sur les droits de la personne. Le gouvernement affirme que la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies a été utilisée comme ligne directrice dans la rédaction de sa constitution démocratique, qui affirmait le respect des droits humains fondamentaux, y compris le droit à la vie et à la sécurité et à la liberté de la personne, l’interdiction des traitements inhumains et le droit à l’égalité, à la vie privée et à la liberté d’expression. Fait intéressant, 32 des 106 articles de la nouvelle Constitution éthiopienne « comprennent des dispositions détaillées sur les droits de la personne. La Constitution prévoit également l’incorporation dans le droit interne de tous les traités internationaux sur les droits de la personne auxquels l’Éthiopie est partie. Le régime admet que, dans le passé, la torture et d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants étaient endémiques en Éthiopie. Des milliers de personnes étaient physiquement et moralement handicapées et la primauté du droit a été ignorée. Cela implique que, sous le gouvernement actuel, il y a la primauté du droit et que les gens ne soient pas torturés, ni exécutés de façon extrajudiciaire, ni soumis à des traitements inhumains et dégradants. Sur la base des articles de sa Constitution, les dirigeants du gouvernement éthiopien ont affirmé que les « mauvais jours » de violations des droits de l’homme en Éthiopie étaient terminés. Pourtant, selon Amnesty International, l’Éthiopie est l’un des deux États africains qui n’ont pas ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Human Rights Watch/Africa affirme que le gouvernement éthiopien maintient verbalement qu’il est déterminé à faire respecter les normes en matière de droits de la personne, mais qu’il viole volontairement ces normes.
D’autres observateurs ont conclu que, bien que le gouvernement éthiopien admette que des violations des droits de l’homme se produisent en Éthiopie, il blâme rejette la faute de ces violations sur les fonctionnaires locaux qui sont dits ignorants des normes des droits de l’homme et sur «l’absence d’une culture démocratique et d’une histoire du respect des droits de l’homme.»
Suppression de la dissidence.
La direction du TPLF/EPRDF ne semble pas se soucier de la notion selon laquelle une marque importante d’un gouvernement démocratique est la mesure dans laquelle elle permet aux groupes d’opposition de s’organiser librement et de lutter pour le pouvoir. En 1993, plusieurs membres élus ont été expulsés du Conseil des représentants en violation flagrante des droits à l’immunité parlementaire inscrits dans la Charte transitoire de 1991. Selon Tecola Hagos, « vingt et une organisations politiques ethniques ont formé le gouvernement de transition de l’Éthiopie (TGE). En octobre 1993, il n’y avait plus que sept des membres fondateurs du mouvement de libération de la Charte, ce qui signifie que le gouvernement de coalition s’est effondré. » La démocratie repose en grande partie sur le respect volontaire des règles du processus politique. Les dirigeants du TPLF/EPRDF contrôlent non seulement les médias de masse gérés par le gouvernement, mais utilisent également les ressources de l’État pour créer des organisations de substitution appelées, ironiquement, les organisations démocratiques du peuple (PDO). Chacune d’entre elles représentant un groupe ethnique particulier, ces organisations sont sous l’emprise ferme du TPLF et ne font que l’appel d’offres de leur mécène. Les membres de ces organisations sont attirés et soutenus par des récompenses matérielles ainsi que par le patronage politique. Comme je l’ai écrit ailleurs, refuser d’adhérer au PDO signifie trahir la nouvelle classe politique, ce qui implique l’exclusion d’un rôle de dirigeant, l’expulsion des emplois et l’emprisonnement pur et simple [...] Face à la forte opposition de diverses organisations et au rejet de la grande majorité des peuples éthiopiens, la nouvelle classe politique s’appuie fortement sur l’instrument du pouvoir despotique qu’elle monopolise. L’absence totale de trois aspects importants de la démocratie, à savoir la concurrence, la participation et les libertés civiles et politiques, témoigne de l’absence de respect des droits de l’homme en Éthiopie. Que des organisations indépendantes comme l’OLF, qui, dans toute élection libre, pouvaient poser un défi politique redoutable aux dirigeants du TPLF/EPRDF, ont été marginalisées, réprimées et empêchées d’émerger en tant que force politique. Depuis 1993, la liberté d’expression est menacée en Éthiopie. Selon Tecola Hagos, Les abus infligés par l’actuel gouvernement éthiopien contre la liberté d’expression et la liberté de la presse ne se limitent pas à des critiques écrites ou orales, mais vont beaucoup plus loin dans ses restrictions névrotiques de vaste portée.
De la même manière que l’ancien gouvernement brutal de Mengistu a traité avec des voix dissidentes, imaginées ou non, le gouvernement éthiopien actuel a détenu une chanteuse très populaire, Elfinesh Keno parce que ses chansons, qui louent la culture et le patrimoine Oromo, sont considérées par le gouvernement comme séditieuses. Le régime de l’EPRDF a eu recours à la loi de 1992 sur la presse pour restreindre les droits de la presse dans la pratique et a eu recours à des mécanismes juridiques pour acculer les journaux à la faillite et emprisonner les journalistes. En octobre 1997, le journal indépendant Urjii, édité par des journalistes Oromos qui rapportaient régulièrement des violations des droits humains en pays Oromo, a été fermé. En fait, après octobre 1997, pas un seul journal ou magazine privé Oromo en alphabet latin n’a été produit en Éthiopie. Seuls deux journaux amhariques, dont la diffusion se limitait à Addis-Abeba, traitaient des questions relatives aux oromos. Moti Biyya, correspondant politique chez Urjii, a été arrêté en septembre 1997, tandis que Garoma Bekele, alors directeur général d’Urjii, Solomon Namarra, rédacteur en chef par intérim, et son assistant, Tesfay Dheressa, ont été emmenés de leurs bureaux et détenus au secret sans avocat ni droit de visite de la famille. Certes, les dirigeants du TPLF autorisent la circulation limitée des journaux à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, « parce que c’est bon pour le spectacle de la démocratie. Ils gardent la presse pour la consommation de la communauté internationale. » Cependant, l’attaque contre la presse libre a littéralement tué les quelques publications en Oromo en alphabet latin. La mort des publications Oromos en alphabet latin a été un coup fatal à la floraison de la littérature Oromo et à la normalisation de la langue Oromo elle-même. Les magazines Oromos qui ont disparu comprennent Gada, Biftu, Madda Walaabuu, Odaa, et l’Urjiimagazine, qui a commencé et a pris fin en 1997 lorsque ses rédacteurs ont été arrêtés par le gouvernement. Depuis 2002, aucun journal ou magazine n’a exprimé les opinions politiques légitimes des Oromo en Éthiopie.
Terroriser l’opposition. Une indication de la mesure dans laquelle les dirigeants du TPLF/EPRDF peuvent violer les droits de l’homme est la taille démesurée de son appareil de sécurité, qui serait plus grand que celui de l’ancien régime militaire. Les violations des droits de l’homme en pays Oromo ont augmenté après que l’OLF, une organisation politique qui était coauteur de la Charte de transition et participait au gouvernement du pays, a soudainement été expulsée du gouvernement de transition en 1992. Des Oromo innocents ont été rassemblés dans des camps de concentration où ils ont été torturés et tués pour avoir sympathisé avec l’OLF ou pour avoir exprimé des opinions semblables à celles de l’OLF. Des centaines de ressortissants Oromos ont été arrêtés et priés de ne pas assister aux réunions de l’Association Maccaa-Tuulama, la plus ancienne association d’entraide Oromo. Pire encore, dans une attaque sur l’essence même de l'être des Oromo, ils ont été mis en garde contre le chant des chansons Oromo. Le nombre de détenus Oromo était si important que l’agrandissement des prisons est devenu une nécessité. De 1992 à 1994, il y a eu quatre grands camps de concentration en Oromia, à savoir Hurso en Harerge, Agarfa à Bale, Blate au Sidamo et Didessa dans le Wallaga. Le gouvernement dominé par le TPLF a admis que 22 000 membres et sympathisants de l’OLF étaient détenus dans ces camps. Cependant, selon Susan Pollack, une infirmière écossaise qui a effectué des travaux sur le terrain en Éthiopie, le nombre de détenus variait de 45 000 à 50 000, « y compris les paysans et les agriculteurs [...] des fonctionnaires et neuf médecins [qui n’avaient pas] la permission d’aider les malades. Environ 3000 personnes sont mortes du paludisme, de la malnutrition et de la diarrhée facilités entre les quatre camps pendant cette période [1992-1994]. » Le 25 mars 1992, dans la ville de Watar dans la province du Harerge, des soldats du TPLF/EPRDF ont tiré à l’aide de munitions à balles réelles sur environ 30 000 manifestants pacifiques, tuant 92 personnes et blessant plus de 300 personnes, dont la plupart sont mortes plus tard à l’hôpital. Des atrocités ont été perpétrées à plusieurs endroits en territoire Oromo, dont la ville d’Awaday en Harerge et Meta Robii au Shewa (Choa). Susan Pollack rapporte qu’en septembre 1995, dans un district appelé Siree, une unité militaire de soldats du TPLF/EPRDF s’est rendue dans deux villages et a brûlé des maisons sans discernement et a tué 70 civils. Un incident similaire est survenu le même mois à Wabbie, un sous district de la région de Bale. De nombreuses maisons ont été incendiées et de nombreux paysans ont été arrêtés [...] Les communautés ont été accusées de dissimuler des renseignements et de protéger l’OLF.
En 1996, les violations des droits de l’homme en Éthiopie étaient généralisées, selon les rapports de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. Le groupe de soutien de la région Oromia a signalé des centaines d’exécutions extrajudiciaires et plusieurs « disparitions » d’opposants civils au gouvernement, et des milliers de civils emprisonnés, torturés et violés dans des centres de détention secrets. La pire atrocité de 1996 a été le meurtre de plus de 1000 oromos au Borana. En octobre et en novembre de la même année, les soldats du TPLF n’ont jamais épargné les femmes enceintes ni les jeunes; ils ont tué plusieurs femmes enceintes et des centaines d’enfants Oromo âgés de 12 à 16 ans [...] une femme enceinte de sept mois à Robe, Bale, a été arrêtée et battue [...] Elle a fait une fausse couche et est morte en détention. Lorsque des parents sont allés réclamer son corps, on leur a dit de remplacer les restes par un parent vivant. Quand on leur a demandé d’expliquer leurs actions, les soldats du TPLF ont dit qu’elle était morte avec les objectifs de l’OLF encore coincés dans son cerveau et nous ne pouvions pas obtenir ce que nous voulions d’elle.
Bien que les organisations de défense des droits de l'homme aient signalé des violations généralisées, le rapport du département d’État des États-Unis décrivait la situation simplement comme une lacune dans un système démocratique émergent. En 1996, le rapport indiquait que « la magistrature est faible et surchargée, mais montre des signes d’indépendance accrus ». Ce que le rapport ne mentionne pas, c’est que des juges courageux qui ont tenté de montrer des signes d’indépendance ont été sommairement traités. Par exemple, en 1996, 28 Oromo diplômés de l’école de droit et juges d’expérience qui ont refusé de se joindre à l’OPDO ont été congédiés.
Ils comprenaient quatre juges de la Cour suprême fédérale et 24 juges de la Cour suprême d’Oromia et de la Cour suprême régionale. Le rapport affirme également que « le gouvernement fédéral ne peut pas encore protéger les droits constitutionnels au niveau régional, en particulier lorsque les autorités locales ne veulent pas ou ne peuvent pas le faire. » Il a été omis de mentionner que les autorités régionales n’ont pas le pouvoir de fonctionner de manière autonome. Les autorités régionales et locales qui ont naïvement confronté les autorités du TPLF, même sur des points mineurs, ont été soit démises de leurs fonctions, soit emprisonnées et, dans certains cas, exécutées. Par exemple, les membres du Comité central de l’OPDO, Mokonnen Fite et Bayu Gurmu, ont été tués par des agents du gouvernement en septembre 1997.
Pendant que Hassen Ali, alors président d’Oromia, et d’autres membres du Comité central de l’OPDO se réunissaient dans le palais pour discuter des meurtres des individus susmentionnés, Alemayehu Desalegn, membre du comité central de l’OPDO et chef des finances de la région Oromia, a été tué dans le palais. Son décès a été expliqué comme étant un « suicide ». Selon la Constitution fédérale, l’Etat régional d’Oromia était censé jouir de l’autonomie en matière locale. Mais les autorités fédérales interviennent dans tous les aspects de l’administration. Hassen Ali affirme qu’il « a vu et vécu clairement que le gouvernement régional d’Oromia ne peut arrêter les arrestations arbitraires, la torture, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions de personnes innocentes face à la police et aux forces de sécurité du parti au pouvoir. » Les membres subalternes de l’OPDO auraient sans doute dû être à l’abri de la persécution du régime. Cependant, en novembre 1997, une purge majeure au sein de l’OPDO a entraîné l’incarcération de plus de 20 000 membres, dont certains sont probablement toujours en détention. En bref, on peut établir de façon concluante que le gouvernement fédéral n’a pas protégé les droits inscrits dans sa propre Constitution. Les pratiques répressives et la disposition autoritaire des dirigeants du TPLF étaient initialement dissimulées, en raison de leurs beaux discours sur le respect des droits de la personne et l’utilisation de pièges démocratiques pour dissimuler leurs pratiques antidémocratiques.
La plupart la plupart des assassinats dans la région Oromia et dans d’autres parties de l’Éthiopie ont eu lieu dans des zones rurales, ce qui a permis aux auteurs de cacher leurs atrocités à la communauté internationale et aux organisations de défense des droits de la personne. Selon un rapport, Plus on s’éloigne de la capitale . . . plus la torture devient grossière, barbare, déshumanisante et répandue. Là pas de règle de droit qui régit les membres du Parti au pouvoir dans une position de leadership. Un dirigeant de parti . . . . peut faire n’importe quoi . . . contre un autre être humain. L’âme et le corps d’une personne dans une collectivité sont entièrement entre les mains de ces dirigeants du parti et doivent être traités sous n’importe quelle forme comme le souhaite le dirigeant du parti au pouvoir. Le gouvernement du TPLF n’a pas admis que ses cadres politiques et militaires avaient violé impunément les droits de l’homme. Toutefois, le rapport annuel du département d’État des États-Unis pour 2000 indique qu’il y avait 7 500 détenus, dont la plupart étaient des partisans présumés du OLF ou des membres de guérillas.
Le Conseil éthiopien des droits de l’homme a également publié les noms de dix mille détenus politiques, dont aucun n’a eu son procès. Ces chiffres ne comprenaient probablement pas les prisonniers politiques Oromos, qui étaient détenus dans une cinquantaine de centres de détention secrets disséminés un peu partout dans la région Oromia. Malgré les faits connus du public, le gouvernement a nié l’existence de prisonniers politiques en Éthiopie, sur la base d’une distinction qu’il a faite entre les terroristes ayant commis des crimes spécifiques et des prisonniers politiques. Le gouvernement a insisté sur le fait que les milliers de prisonniers qui languissaient dans ses prisons n’étaient pas des prisonniers politiques, mais des criminels détenus pour leur rôle dans des activités terroristes.
Toutefois, le raisonnement du gouvernement en matière d’application de la loi ne résiste pas à un examen minutieux. Le 8 mai 1997, un homme non armé, Assefa Maru, président par intérim de l’Association éthiopienne des enseignants (ETA) et membre de la commission d’administration du Conseil éthiopien des droits de l’homme (EHRC), a été abattu alors qu’il se rendait à son bureau. Les médias gouvernementaux ont rapporté « que la police avait tiré sur le chef d’un groupe terroriste notoire chez lui alors qu’il tentait d’échapper à une arrestation. » Peu après, un appelant anonyme a dit à ses amis de bureau « qu’Assefa Maru avait été tué dans un accident de voiture et que son corps pouvait être recueilli à l’hôpital Menelik II. Le personnel de l’EHRC a vu des blessures par balle dans sa tête et dans sa poitrine. » Le Front des patriotes de l'unité éthiopienne ( EUPF en abrégé), l’organisation à laquelle la victime aurait appartenu, a été accusé d’avoir perpétré des attentats terroristes à la bombe à Addis-Abeba. Des mois plus tard, le 8 octobre 1997, des agents de sécurité du gouvernement ont abattu trois Oromos non armés, à savoir Terefe Qumbi, le capitaine Gudissa Annisa et Tesfaya Kumsissa. L’explication de leur exécution était qu’ils étaient membres d’une cellule du OLF qui était responsable des attentats à la bombe à Addis-Abeba et à Dire Dawa, plus tôt dans l'année. » Al-Ittihad al-Islamiya, un groupe d’opposition islamique basé en Somalie, a alors assumé la responsabilité des attentats à la bombe. En représailles, les forces éthiopiennes ont attaqué les bases d’Al-Ittihad en Somalie. Ainsi, Al-Ittihad a été attaqué pour les mêmes attentats pour lesquels Assefa Maru avait été abattu et trois membres présumés de l’OLF avaient été tués. De toute évidence, le terme « terroriste » était utilisé comme moyen de représailles à l'encontre d'opposants au gouvernement.
Tendances troublantes.
Les violations des droits de l’homme dans le pays Oromo montrent des tendances perceptibles. Dans le premier cas, le TPLF semble déterminé à détruire tous les dirigeants et organisations oromos indépendantes dans un effort pour éliminer tout obstacle à son désir de contrôler les ressources du pays Oromo. Hassen Ali décrit la situation en Oromia dans les termes suivants : les soldats du TPLF et ses membres sont la loi à eux-mêmes. Seulement ce qu’ils disent et ce qu’ils veulent est mis en œuvre en Oromia à l’exclusion générale des intérêts ou des souhaits des Oromo. . . . Bien que la région Oromia soit autonome de nom, les soldats du gouvernement et
les agents des services secrets ont le pouvoir total de faire ce qu’ils veulent en pays Oromo. Ils emprisonnent, torturent ou tuent quiconque, y compris les membres de l’OPDO et nos employés du gouvernement, sans aucune application régulière de la loi. Ils ont établi plusieurs centres de détention secrets, où des milliers d’innocents sont gardés pendant des années sans procès ni accusation. Les soldats du gouvernement fédéral, plus précisément les soldats du TPLF, sont en pratique au-dessus de la loi en Oromia. Le contrôle des ressources n’est pas jugé efficace tant qu’il y a une opposition viable. Le gouvernement a attaqué la presse libre et les institutions de la société civile Oromo naissantes, les considérant comme les véhicules qui nourrissent l’opposition. Compte tenu des espoirs naissant des oromos suscités en 1992, c’était une évolution inquiétante.
En 1992, il y avait plusieurs magazines et journaux en langue oromo. En utilisant sa loi restrictive sur la presse et d’autres mécanismes juridiques, le gouvernement a fermé tous les journaux et magazines privés Oromo. L’Oromo Relief Association (ORA), une organisation humanitaire créée en 1979, a été fermée et ses biens confisqués sans indemnisation et sans procédure régulière. Le but de la suppression de toutes les organisations Oromo indépendantes et la disparition des journaux et magazines privés Oromo autrefois vigoureux est de priver les Oromo de toutes autorités et de toute voix dans les affaires de leur propre pays.
Par conséquent, aujourd’hui, les Oromo « sont non seulement opprimés, mais aussi liés pour se déplacer et pour penser et parler par un système qui prospère dans l’obscurité et la désinformation. » Un cycle mortel d’élimination de tous les Oromo instruits et du système éducatif qui les a produits constitue une autre tendance inquiétante. Pour commencer, seule une fraction de la population oromo est instruite. Selon des sources gouvernementales, jusqu’en 1995, seulement 20 % et 12 % des enfants de la région Oromia étaient respectivement inscrits dans des écoles primaires et secondaires. Sur une population estimée à plus de 25 millions d’habitants en Oromia, seulement 0,1 pour cent ont reçu un enseignement universitaire en 1994.
Les étudiants Oromos ont peu de chances d’accéder au niveau collégial ou universitaire en raison de la piètre qualité de l’éducation en région Oromia qui ne leur permet pas de réussir l’examen d’entrée au collège. Le régime du TPLF a pris la décision délibérée de laisser derrière eux les enfants Oromos, hors du courant principal de l’éducation moderne. Sans éducation fondée sur la science et la technique, il n’est pas possible de créer une société démocratique et prospère en Oromia. Le fait que les étudiants Oromos accusent un retard par rapport à leurs pairs ailleurs dans le pays aura pour conséquence à long terme, d’affaiblir la capacité de la région Oromia à lutter contre la pauvreté, la maladie et l’ignorance. L’avenir des enfants oromos sera inévitablement aussi sombre que celui de leurs ancêtres, qui ont vécu sous un régime éthiopien brutal et oppressif. On s’attendrait à ce que les familles individuelles qui essayent de sortir d'une existence misérable constitueraient l'unique segment sûr de la société oromo. Mais celles-ci n’ont pas été épargnés par les punitions collectives et par une évolution encore plus inquiétante de répercussions imprévisibles. Les hommes, les femmes, les enfants, les animaux et même l’environnement des oromos sont tous des cibles de la tyrannie du TPLF.
Dans les cas où les éleveurs oromos étaient soupçonnés d’abriter des guérilleros OLF, les soldats du TPLF les punissaient en détruisant ou confisquant leur bétail ou en empoisonnant les puits où le bétail s'abreuvait. En de nombreuses occasions, des agriculteurs Oromo, soupçonnés de nourrir des combattants de l’OLF, ont vu leurs fermes brûlées et les membres sans défense de leurs familles, brutalement assassinés.
En 2000, lorsque le gouvernement du TPLF a soupçonné les guérilleros de l’OLF de se cacher dans les forêts du pays Oromo, ses agents ont allumé des incendies qui ont causé des destructions environnementales catastrophiques en Oromia et dans d’autres États du sud de l’Éthiopie.
Un aspect peut-être encore plus inquiétant des attaques contre les droits humains des Oromo est l’extension de la violence contre les oromos au-delà des frontières éthiopiennes. Selon la Commission kényane des droits de l’homme (KHRC), les soldats du gouvernement éthiopien ont effectué des raids au Kenya, des raids qui impliquaient « bombardements, meurtres, viols et pillages d'Oromo Borana et assassinat d’éminents anciens soupçonnés de soutenir l'OLF. »
Un policier kenyan a fait la déclaration suivante au KHRC : «J’ai personnellement été contraint de traverser la frontière pour négocier la libération des Kenyans enlevés, ce qui s’avère inévitablement très difficile. Une fois qu’une personne est kidnappée ou enlevée, soit il/elle disparaît, soit nous sommes obligés de payer une amende pour la libération. Dans la plupart des cas, on ne nous donne pas la raison de l’enlèvement, mais la croyance générale est que c’est à cause d’un soutien réel ou imaginaire à l'OLF. Hussein Sora, un jeune avocat kényan qui a rédigé le rapport du KHRC, a été retrouvé mort après avoir accusé le gouvernement éthiopien de terrorisme international. En mars 2001, des soldats du gouvernement éthiopien auraient tué 160 ressortissants kényans parlant l’oromo.
Par son action sans précédent, le régime TPLF a étendu géographiquement la violation des droits de l’homme et régionalisé la dégradation flagrante de la vie humaine. Des milliers d’Oromos ont fui vers les pays voisins pour échapper à l’État éthiopien. Malheureusement, les agents du TPLF ont poursuivi les réfugiés oromos à travers la frontière et les ont assassinés en République de Djibouti, en Somalie, au Kenya, au Soudan et même en Afrique du Sud. Les réfugiés oromos qui ont échappé aux assassinats du TPLF ont été rapatriés en Éthiopie et beaucoup d’autres sont morts en transit. Par exemple, le 22 décembre 2000, 28 réfugiés oromos sont morts « de suffocation » ou de blessures par balle qu’ils ont subies en sortant des wagons pour échapper à l’asphyxie lors de leur rapatriement de Djibouti en Éthiopie. Une fois en Éthiopie, les réfugiés rapatriés ont été détenus à long terme, torturés ou exécutés. Le fait le plus troublant est que la guerre du TPLF contre le nationalisme oromo a été exprimée dans Hizbaawi Adera ou The People’s Trust, le trimestriel officiel du Parti au pouvoir. Dans cette publication, le régime du TPLF a exprimé une crainte importante de « nationalisme étroit » qui, selon le gouvernement, était plus fort en Oromia qu’ailleurs en Éthiopie.
Hizbaawi Adera est rempli de références aux intellectuels oromo, les hommes d’affaires et les femmes comme constituant le problème du nationalisme étroit en Oromia. Tout cela vise à diaboliser les chefs d’entreprise, les chefs culturels et politiques Oromo et à préparer une mise en accusation politique de l’élite oromo comme ennemie de la « démocratie révolutionnaire. » Hizbaawi Adera fait valoir que : Les intellectuels d’échelon supérieur et les gens d’affaires sont bornés. Leur aspiration est de devenir une classe dirigeante uniquement pour servir leurs propres intérêts. Ils sont si avides qu’ils veulent « manger » seuls. Comme ils sont désespérés, ils peuvent être violents. Nous devons donc toujours rester vigilants. À moins que ces nationalistes étroits ne soient éliminés, la démocratie et le développement ne peuvent être réalisés en Éthiopie. Le résultat de la thèse d'Hizbaawi Adera est que, pour détruire le nationalisme oromo, il faut isoler, exposer et écraser les intellectuels oromos et les riches hommes d’affaires qui le nourrissent. Les meurtres et les disparitions d’intellectuels oromos et la détention de membres de l’Association Maccaa-Tuulama et de la Ligue des droits de l’homme font partie de la mise en œuvre de cette politique.
Une politique qui vise à détruire les plus brillants et les meilleurs éléments de la société oromo est un précurseur d’un « génocide en devenir. » Dans une quatrième critique du Hizbaawi Adera, Moti Biyya a déchiffré le plan TPLF. Il écrivait : Qui sont les nationalistes étroits? Ceux qui gouvernent par la force des armes? Ceux qui pillent la propriété des autres? Ceux qui emprisonnent, torturent et tuent dans le but de consolider leur hégémonie ethnique? Les véritables nationalistes étroits sont les dirigeants du TPLF, qui croient qu’ils méritent de gouverner, qu’ils ont le droit de gouverner, qu’ils ont le droit de gouverner et que d’autres ont l’obligation d’être gouvernés. Ceux qui combinent la cupidité capitaliste avec la cruauté stalinienne, l’intrigue machiavélique avec la langue acérée de Marx, la diplomatie américaine avec le désir de vengeance de l’empereur Yohannes apparaissent dans leur vraie couleur. . . . Ils parlent haut et fort de leur plan pour détruire les intellectuels oromos et les riches marchands. La destruction planifiée sera entreprise au nom du capitalisme de construction. Depuis 2001, le gouvernement du TPLF a abandonné toutes les prétentions à l’engagement de construire une Éthiopie multinationale. Elle s’est retournée contre ses propres partis substituts, par lesquels elle avait espéré atteindre et apaiser les différentes nations à l’intérieur de l’Éthiopie.
Le 23 janvier 2001, Kuma Demeksa, président d’Oromia et secrétaire général de l’OPDO, ainsi que Chala Hordofa, Diriba Arkona et Yasin Hussein, tous membres du Comité central de l’OPDO, et plusieurs autres ont été suspendus du parti et retirés de leurs positions dans le gouvernement Oromo. Certains des dirigeants de l’OPDO ont fui l’Éthiopie pour sauver leur vie, y compris Almaz Mako, le Président de la Chambre de la Fédération et le deuxième en ligne de succession à la présidence de l’Éthiopie. Dans son communiqué de presse du 13 août 2001, Almaz Mako a déclaré : «le gouvernement de l’EPRDF a apporté des souffrances et des misères incalculables au peuple oromo. [Le] OPDO est . . . . réduit à une approbation automatique du règne du TPLF sur le pays Oromo. . . . . . . Les ressources oromos sont mobilisées et pillées pour développer le Tigré. . . . Le Parti au pouvoir est catégoriquement rejeté par toute la nation oromo et ne survit que sur le dos de ses forces de sécurité répressives.
Si les Oromos qui occupent les postes les plus élevés ne sont pas en sécurité, les subalternes ne peuvent pas s’attendre à ce que leurs droits soient respectés. Ce qui est inquiétant, c’est qu’une fois qu’un groupe de personnes est devenu la cible d’abus et de violations des droits de la personne, on ne peut s’empêcher de voir un danger imminent de génocide.

Conclusion.
Le renversement du Derg en 1991 marque la fin d’une époque. Un siècle de domination amhara a pris fin, et l’on espérait qu’un gouvernement qui respectait la primauté du droit et les droits de la personne de ses citoyens serait établi en Éthiopie.
Pour la première fois, un document politique, la Charte transitoire, rédigée par des politiciens éthiopiens, déclarait que « les droits de l’homme individuels doivent être pleinement respectés, et sans aucune limitation. » L’espoir suscité par cet article a été rapidement anéanti. Depuis 1992, le gouvernement éthiopien a toujours fait preuve d’un mépris total pour les droits fondamentaux de la personne. Les droits politiques ont été bafoués. Il n’y a jamais eu d’élections libres et équitables en Éthiopie, et il y a un manque total d’institutions pour faire en sorte que les politiques gouvernementales dépendent de la volonté du peuple. Par conséquent, il est dit aujourd’hui que le bilan du régime TPLF en matière de droits de l’homme est pire que celui du régime militaire précédent. Malgré les violations généralisées des droits de l’homme, le gouvernement éthiopien dominé par le TPLF a réussi à dissimuler son bilan lamentable. En fait, son succès l’a enhardi au point de faire fi des principes des droits de l'homme qu’il avait approuvés. Il semble que la communauté internationale ait enfin pris conscience du bilan catastrophique du régime en matière de droits de l'homme, que les gouvernements occidentaux avaient déjà salué comme un nouveau modèle d'une bonne gouvernance en Afrique. Même le U.S. Department of State, qui dans d’autres cas blâmait les autorités provinciales et locales et absolvait le gouvernement central de toute mesure de responsabilité, a critiqué le gouvernement de Meles Zenawi dans son Country Report on Human Rights Practice in Ethiopia for 2001. Le 18 septembre 1997, le Parlement européen a condamné le bilan du gouvernement éthiopien en matière de droits de l’homme. Amnistie Internationale a également exposé les tactiques du régime TPLF en matière de liberté d’expression.
Beaucoup de dommages ont été causés à l’esprit, à la propriété et à l’humanité du peuple oromo. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement éthiopien actuel a systématiquement nié aux oromos les droits civils et politiques fondamentaux et ne leur a pas accordé une protection égale en vertu de la loi. De plus, le régime TPLF a paralysé, sinon détruit, toutes les organisations oromos indépendantes. Privés d’une direction démocratique vigoureuse et privés de liberté d’expression dans leur langue, les Oromo ont été soumis à des attaques incessantes contre leur nationalisme et leur droit à l’autonomie dans leur propre État régional. Si les dirigeants du TPLF veulent vraiment respecter les droits humains de tous les citoyens, ils doivent commencer par se libérer eux-même de la mentalité de terroriser les Oromo en soumission et s’abstenir d’utiliser leurs forces militaires pour défendre leur pouvoir, détruire les organisations rivales, et faire la guerre en Oromia.
Deuxièmement, les dirigeants du TPLF devraient ouvrir leur esprit aux avantages de la coopération avec des organisations Oromo indépendantes et s’unir pour construire un meilleur avenir pour les peuples éthiopiens. La vulgarisation du concept de fédéralisme par le régime est louable, bien qu’il n’y ait jamais eu de véritable tentative de mise en œuvre. Les dirigeants du TPLF doivent se rendre compte que le fédéralisme repose sur « Les principes fédéraux sont nés de l’idée que les personnes libres peuvent librement conclure des associations politiques durables mais limitées pour atteindre des buts communs et protéger certains droits tout en préservant leur intégrité respective. »
La rhétorique des dirigeants du TPLF d’une « république fédérale d’Éthiopie » ne peut devenir réalité que si les Oromo et d’autres peuples d’Éthiopie atteignent leur liberté et se gouvernent librement et de manière autonome dans leurs régions sans ingérence extérieure. Le fédéralisme, sans la liberté des entités fédérées, est un dispositif de perpétuation de la domination patrimoniale. Enfin, la création par le régime TPLF d’une commission indépendante des droits de la personne et d’un ombudsman en mai 1998 est louable. Mais la création d’une telle entité ne contribue qu’à maintenir la façade d’un ordre démocratique, à moins qu’elle ne soit autorisée à fonctionner correctement.
Si le régime veut vraiment respecter les droits de l’homme, il doit accorder la légalité à la Ligue des droits de l’homme Oromo et permettre au Groupe de soutien d’Oromia, au Sidama Concern, au Comité des droits de l’homme somalien d’Ogaden, à Amnistie Internationale, Human Rights Watch/Africa, et d’autres organisations de défense des droits de l'homme d’opérer librement en Éthiopie. C’est la seule façon pratique d’améliorer le bilan catastrophique du régime en matière de droits de l'homme.

Notes
1.Cet article est tiré de plusieurs documents que j’ai présentés aux réunions de l’Association des études africaines et aux conférences annuelles de l’Oromo Studies Association en 1997, 1998 et 1999. J’ai également puisé beaucoup dans certains de mes articles publiés, y compris “Ethiopia: Missed Opportunities for Peaceful Democratic Process,” in State Building and Democratization in Africa, Faith, Hope and Realities, ed. Kidane Mengisteab and Cyril Daddieh (Westport, CT: Praeger, 1999), 233–60.
2. Mahmood Monshipuri, Democratization, Liberalization and Human Rights in the Third World (Boulder, CO: Lynne Rienner, 1995), 17.
3. T. R. H. Davenport, The Transfer of Power in South Africa (Claremont, South Africa: David Philip Publishers, 1998), vii.
4. Mohammed Hassen, “The Militarization of the Ethiopian State and the Oromo,” dans Proceedings of the 5th International Conference on the Horn of Africa (New York: Marsden Reproductions, 1990), 98.
5. Il s’agit notamment des œuvres produites par les écrivains oromo, the Oromia Support Group, Amnesty International, Human Rights Watch/Africa, the Ethiopian Human Rights Council, the Committee to Protect Journalists, the International Commission of Jurors, the Oromo Human Rights League, the U.S. Department of State country reports on human rights practices in Ethiopia, et plusieurs autres sources.
6. Alexander De Waal, Evil Days: Thirty Years of War and Famine in Ethiopia: An Africa Watch Report (New York: Human Rights Watch, 1991), 1.
7. Lord Lytton, The Stolen Report (London: McDonald, 1966), 160.
8. Abbas Haji, “Menelik’s Conquest as the Genesis of Ethiopian Crisis: A Case of the Arsi Oromo,” The Oromo Commentary 4, no. 2 (1994): 21.
9. Mekuria Bulcha, The Making of the Oromo Diaspora: A Historical Sociology of Forced Migration (Minneapolis: Kirk House Publishers, 2002), 3.
10. Martial de Salviac, Un peuple antique au pays de Ménélik: les Galla (dit d'origine Gauloise), grande nation africaine (Paris: H. Ousdin, 1901), 307.
11. Haji, “Ménélik’s Conquest as the Genesis of Ethiopian Crisis,” 21.
12. Donaldson A. Smith, “Expedition through Somaliland to Lake Rudolf,” Geographical Journal 7 (1896): 123–27.
13. De Salviac, Un peuple antique au pays de Ménélik, 86–87, 278.
14. Alexander Bulatovich, Ethiopia through Russian Eyes: Country in Transition, 1896–1898, trans. and ed. Richard Seltzer (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 2000), 68–69.
15. Bairu Tafla, ed., Asma Giyorgis and His Work: History of the Galla and the Kingdom of Sawa (Stuttgart: Franz Steiner Verlag, Wiesbaden GMBH, 1987), 134–35. Conquest, Tyranny, and Ethnocide against the Oromo 43
16. Karl Knutsson, Authority and Change: A Study of the Kallu Institution among the Macha Galla of Ethiopia (Gothenburg, Sweden: Etnografesha Museet, 1967), 147–55.
17. Frank Chalk and Kurt Jonassohn, The History and Sociology of Genocide: Analysis and Case Studies (New Haven, CT: Yale University Press, 1990), 8.
18. Ibid., 30.
19. Ibid., 28.
20. Addis Hiwet, Ethiopia: From Autocracy to Revolution (London, 1975), 4.
21.Raphael Lemkin, qui a inventé le terme pour la première fois, décrit les principales caractéristiques du génocide. Voir Raphael Lemkin, Axis Rule in Occupied Europe: Laws of Occupation, Analysis of Government Proposals for Redress (New York: Howard Fertig, 1973), 92.
22. Harold G. Marcus, The Life and Times of Menelik II: Ethiopia, 1844–1913 (Oxford: Oxford University Press, 1975), 73.
23. Richard Pankhurst, Economic History of Ethiopia, 1800–1935 (Addis Ababa: Artistic Printing Press, 1968), 75. voir aussi H. Darley, Slavery and Ivory in Abyssinia (London: H. F. and G. Witherby, 1926), 197–99, 201.
24. Getahun Delibo, “Emperor Menelik’s Ethiopia, 1865-1916: National Unification or Amhara Communal Domination” (PhD diss., Howard University, 1974) 219.
25. Timothy D. Fernyhough, “Serfs, Slaves and Shefta: Modes of Production in Southern Ethiopia from the Late Nineteenth Century to 1941” (PhD diss., University of Illinois at Urbana-Champaign, 1986), 188.
26. Lapeso Gé Delébo, Ya’Ityopya yagabar ser’eatena gemer kapitalizm, 1900–1966
(Addis Ababa: Artistic Press, 1991): 213–14, 219.
27. Abdul Mejid Hussein, “The Political Economy of the Ethiopian Famine,” dans Rehab: Drought, and Famine in Ethiopia, ed. Abdul Mejid Hussein (London: International African Institute, 1976), 14. voir aussi Baissa Lamu, “Contending Nationalisms in the Ethiopian Empire State and the Oromo Struggle for Self-Determination,” dans Oromo Nationalism and the Ethiopian Discourse, ed. Asafa Jalata (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1998), 86.
28. Fernyhough, “Serfs, Slaves and Shefta,” 181–82; Darley, Slavery and Ivory in Abyssinia, 130–31.
29. Mohammed Hassen, “A Short History of Oromo Colonial Experience: Colonial Consolidation and Resistance, 1935–2000, Part Two,” Journal of Oromo Studies 7, nos. 1 and 2 (July 2000): 117–18. See also John Markakis and Naga Ayella, eds., Nationalism and Conflict in the Horn of Africa (Cambridge: Cambridge University Press, 1989), 55–60.
30. Donald Donham, “Old Abyssinia and the New Ethiopian Empire: Themes in Social History,” in The Southern Marches of Imperial Ethiopia: Essays in 44 Mohammed Hassen History and Social Anthropology, ed. Donald Donham and Wendy James (Cambridge: Cambridge University Press, 1986), 13.
31. Teshale Tibebu, The Making of Modern Ethiopia, 1896–1974 (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1995), 18.
32. Edmond Keller, “Regime Change and Ethno-Regionalism in Ethiopia: The Case of the Oromo,” in Oromo Nationalism and the Ethiopian Discourse: The Search for Freedom and Democracy , ed. Asafa Jalata (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1998), 121.
33. Mekuria Bulcha, “Language, Ethnic Identity and Nationalism in Ethiopia,” The Oromo Commentary 3, no. 2 (1993): 9–11.
34. Paul Baxter, “Ethiopia’s Unacknowledged Problem: The Oromo,” African Affairs 77: 308 (1978): 288.
35. Mohammed Hassen, The Oromo of Ethiopia: A History, 1570–1860 (Cambridge: Cambridge University Press 1990), 3.
36. Bulcha, “Language, Ethnic Identity and Nationalism,” 11.
37. Cité dans Chalk and Jonassohn, The History and Sociology of Genocide, 9.
38. Ernest Gellner, Nations and Nationalism (Ithaca, NY: Cornell University Press, 1991), 85.
39. René Lefort, Ethiopia: An Heretical Revolution? (London: Zed Press, 1981), 110.
40. Pour un examen des droits de l’homme en Éthiopie pendant la période impériale, voir Norman J. Singer, “Ethiopia: Human Rights, 1948–1978,” dans Proceedings of the Fifth International Conference on Ethiopian Studies, ed. Robert L. Hess (Chicago: Office of Publications Services, University of Illinois at Chicago Circle, 1978), 672.
41. Taddesse Birru était l’officier militaire qui a fourni à Nelson Mandela sa première formation militaire en 1962 près d’Addis-Abeba. Nelson Mandela, Long Walk to Freedom: The Autobiography of Nelson Mandela (Boston: Little Brown Company, 1994), 362–63.
42. Mohammed Hassen and Richard Greenfield, “The Oromo Nation and Its Resistance to Amhara Colonial Administrations,” in Proceedings of the
First International Congress of Somali Studies, ed. Hussein M. Adam and Charles L. Geshekter (Atlanta: Scholars Press, 1992), 591.
43. Ibid., 596.
44. Jason Clay, Sandra Steingraber, and Peter Niggli, The Spoils of Famine: Ethiopian Famine Policy and Peasant Agriculture (Cambridge, MA: Cultural Survival, 1988), 115–24.
45. Hassen and Greenfield, “The Oromo Nation and Its Resistance to Amhara Colonial Administrations,” 596.
46. Selon une source, « environ 2 millions, soit 7 % de la population de 1974 [en Éthiopie] ont été perdus au cours de la période 1974-1991. » Federal Ethiopia at a Cross-Roads, The Path Toward Justice, The Rule of Law and Sustainable Human Rights and a Critique of the 1995 Reports of Amnesty International and the New York Branch of the AAICJ (Addis Ababa: Ethiopian Ministry of Foreign Affairs, 1995), 180.
47. Tecola Hagos, Democratization in Ethiopia (1991–1994)? A Personal View (Cambridge, MA: Kherera Publishers, 1995), 97.
48. Leenco Lata, “The Making and Unmaking of Ethiopia’s Transitional Charter,” in Oromo Nationalism and the Ethiopia Discourse, ed. Asafa Jalata, (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1998), 56.
49. Ibid.
50. “The Transitional Period Charter of Ethiopia,” Negarit Gazetta (22 July 1991): 1.
51. William Zartman, “Introduction: Causing the Problem of State Collapse,” in
Collapsed States: The Disintegration and Restoration of Legitimate Authority, ed. William Zartman (Boulder, CO: Lynne Rienner, 1995), 5.
52. Leenco Lata, The Ethiopian State at the Crossroads: Decolonization and Democratization or Disintegration (Lawrenceville, NJ: Red Sea Press, 1999), 59.
53. Keller, “Regime Change and Ethno-Regionalism in Ethiopia,” 110, 114.
54. Oromo Bulletin: A Communiqué Published by the Oromo Center (Washington, DC: Oromo Center, 1992), 1–10.
55. P. McDonald, Témoignage préparé pour présentation à the House of Foreign Relations Subcommittee on African Affairs, U.S. House of Representatives (Unpublished, 1992), 2–9.
56. Paulos Milkias, “The Great Purge and Ideological Paradox in Contemporary Ethiopian Politics,” Horn of Africa, 19, nos. 1 and 2 (2001): 61–62.
57. Gilbert Kulick, “Ethiopia’s Hollow Election Observing Forms,” Foreign Service Journal 69: 9 (September 1992): 41–45.
58. Marina Ottaway, “Democratization in Collapsed States,” in Collapsed States: The Disintegration and Restoration of Legitimate Authority, ed. William Zartman (Boulder, CO: Lynne Rienner, 1995), 238–39.
59. Milkias, “The Great Purge and Ideological Paradox in Contemporary Ethiopian Politics,” 76.
60. Ethiopian Herald (Addis Ababa), 2 May 1998.
61. Human Rights Watch/Africa, Report on Ethiopia (New York: Human Rights Watch, 1997), 3.
62. Ethiopian Herald (Addis Ababa), 4 May 1998.
63. Amnesty International Report 1997: Ethiopia. http://www.amnesty.org/ ailib/aireport/ar97/AFR25.htm.
64. Human Rights Watch/Africa, Report on Ethiopia, 6. 46 Mohammed Hassen
65. Trevor Trueman, “Oromia Support Group Press Release,” no. 21, (January February 1998), 17.
66. Hagos, Democratization in Ethiopia, 97.
67. Ottaway, “Democratization in Collapsed States,” 235.
68. Mohammed Hassen, “Ethiopia: Missed Opportunities for Peaceful Process,” in State Building and Democratization in Africa: Faith, Hope and Realities, ed. Kidane Mengisteab and Cyril Daddieh (Westport, CT: Praeger, 1999), 246.
69. George Sorenson, Democracy and Democratization: Dilemmas in World Politics (Boulder, CO: Westview, 1993), 12.
70. Hagos, “Democratization in Ethiopia,” 135–36.
71. Milkias, “The Great Purge and Ideological Paradox in Contemporary Ethiopian Politics,” 55–56.
72. Trueman, “Oromia Support Group Press Release,” no. 21, (January–February 1998), 6.
73.Christian Science Monitor 23 (April 1998) Section A, 3.
74. On a rapporté que « la mise de fonds et les dépenses pour la sécurité du gouvernement éthiopien actuel et de ses dirigeants sont presque deux fois plus élevées que celles du gouvernement précédent. » Tecola Hagos, Demystifying Political Thought, Power, and Economic Development (Washington, DC: Khepera Publishers, 1999), 50–51.
75. Mekuria Bulcha, “A Note on the New Reign of Terror in Ethiopia,” The Oromo Commentary 6, no. 1 (1996): 3.voir aussi MaKau Wa Mutua, Preface to Democracy, Rule of Law and Human Rights in Ethiopia: Rhetoric and Practice (Addis Ababa: Ethiopian Human Rights Council, 1995).
76. Trevor Trueman, “Oromia Support Group Press Release,” no. 22, (March 1998), 10; Hagos, Democratization, 135–36.
77. Susan Pollack, “Ethiopia: Human Tragedy in the Making,” The Oromo Commentary 5, no. 1 (1996), 12.
78. Ibid.
79. Oromo Bulletin (1992), 1–2.
80. Pollack, “Ethiopia: Human Tragedy,” 10.
81. Les exemples d’exécutions extrajudiciaires à Addis-Abeba abondent, mais quelques-uns pourraient être cités ici pour faire le point. Ebbisa Addunya, un chanteur nationaliste Oromo a été tué dans sa maison par des agents de sécurité du gouvernement. Wako Tola, nationaliste oromo et enseignant à l’école de Sanford, est décédé alors qu’il était détenu, soupçonné d’avoir appuyé le OLF : “Oromia Support Group Press Release” (May–June 1997), 1. Ethiopian Review (May–June 1997): 17–18. Haile Kebede, éminent avocat et critique virulent du régime TPLF/EPRDF, a été tué de sang-froid. Ethiopian Review (July–August 1997). Le 8 octobre 1997, Terefe Qumbii, directeur des biens et services à la Haute Cour d’Oromia, et le capitaine Gudissa Annisa et Tesfaye Kumsissa ont été fusillés à Addis-Abeba : “Oromia Support Group Press Release,” no. 20 (November–December 1997), 2.
82. “Oromia Support Group Press Release,” no. 20 (November–December 1997), 2.
83. Asafa Jalata, “U.S. Sponsored Ethiopian Democracy and State Terrorism,” in Crisis and Terrorism in the Horn of Africa: Autopsy of Democracy, Human Rights and Freedom, ed. Pietro Toggia et al. (Burlington, VT: Ashgate, 2000): 79–80; “Oromia Support Group Press Release,” no. 19 (September 1997), 8.
84. U.S. Department of State, Country Report on Human Rights Practice in Ethiopia for 2000 (Washington, DC: Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, 23 February 2001), 1.
85. Gadado: Publication of Oromo Prisoners of War 26 (1996), 1.
86. U.S. Department of State, Country Report 2000, 1.
87. Hassen Ali a été président d’Oromia (1992-1995) et vice-président (1995-1998) et membre du Comité central du Parti EPRDF au pouvoir. Depuis l’été 1998, Hassen Ali vit aux États-Unis.
88. Hassen Ali, cité dans Sagalee Haaraa, no. 28 (May–July 1999), 3.
89. Ibid.
90. Pour mémoire (publié tous les trimestres par the Alliance for Peace, Democracy and Defense of Human Rights in Ethiopia) 2, no. 2 (1996): 7.
91. U.S. Department of State, Country Report 2000, 7.
92. Christian Science Monitor, 23 April 1998, Section A, 3.
93. Pollack, “Human Tragedy,” 12.
94. Oromia Support Group Press Relase (May/June 1997), 6.
95. Ibid.
96. “Oromia Support Group Press Release,” no. 20 (November–December 1997), 2.
97. Trevor Trueman and Sue Pollack, “Human Rights Violations in Ethiopia,” in
Oromo Struggle for Self-Determination and International Political Environment: Proceedings of the Oromo Studies Association, ed. Guluma Gemeda and Bichaka Fayissa (July 1998), 16.
98. Ibid.
99. Hassen Ali, cité dans Sagalee Haaraa (November 1999), 1–2.
100. Seyoum Hameso, “The Sidama Perspective on the Coalition of the Oppressed Nations,” Oromo Struggle for Self-Determination and International Political Environment: Proceedings of the Oromo Studies Association, 39.
101. Bulletin de fin d’études Oromo Graduates of Finfinnee University of 1993–1994 (1994), 30.
102. Pollack, “Human Tragedy,” 10. 48 Mohammed Hassen
103. Dechassa Lemessa and Matthew Perault, “Forest Fires in Ethiopia: Reflections on Socio-Economic and Environmental Effects of the Fires in 2000,” Journal of Oromo Studies 9, nos. 1 and 2 (July 2002): 96–130.
104. Kenyan Human Rights Commission Report, cité dans “Oromia Support Group Press Release,” (January–February 1997), 2.
105. Ibid.
106. Daily Nation (Nairobi), 16 February 2001.
107. Bruma Fossati et al., Documentation: The New Rulers of Ethiopia and the Persecution of the Oromo (Frankfurt am Main: Evangelischer Pressedientu, 1997), 1–56; Sagalee Haaraa, no. 30 (February 2000), 1–3.
108. Sagalee Haaraa, no. 37 (July 2002), 8.
109. Le nationalisme étroit est défini comme « l’ensemble des vues et des actions des intellectuels de haut niveau et des grands hommes d’affaires dont l’ambition est de monopoliser le pouvoir et d’imposer leur volonté au peuple de leur propre nation/nationalité. ” Hizbaawi Adera 4, no. 7 (December 1996–February 1997). Je suis profondément redevable au professeur Tilahun Gamta pour sa traduction de ce numéro du Hizbaawi Adera.
110. Hizbaawi Adera 4, no. 7: 11.
111. Ibid.
112. Sagalee Haaraa, no. 21 (January–February 1998), 6.
113. Moti Biyya, dans Urjii (Addis Ababa), 16 July 1997, 22 July 1997, 29 July 1997, et 5 August 1997.
114. Almaz Mako, press release (13 August 2001), 1.
115. La Charte transitoire, annexe à Lata, The Ethiopian State at the Crossroads, 256.
116. Hagos, Democratization, 173; MaKau Wa Mutua, Preface to Democracy,
Rule of Law and Human Rights in Ethiopia, 7.
117. U.S. Department of State, Country Report on Human Rights Practice in Ethiopia for 2001 (Washington, DC: Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, 4 March 2002), 1–2.
118. « Le Parlement européen condamne les violations des droits de l’homme en Éthiopie », déclaration inédite de deux pages (18 September 1997), 1-2.
119. Amnesty International, Ethiopia: Journalist in Prison Press Freedom under Attack (AI Index: AFR 25/10/98, April 1998), 1 and 2. http://web.amnesty.org/ library/pdf/AFR250101998ENGLISH/$File/AFR2501098.pdf.
120. Daniel Elazar, Exploring Federalism (Tuscaloosa: University of Alabama Press, 1987), 331.


Conquête, Tyrannie et Ethnocide Contre les Oromo: une Évaluation Historique de la Conditions des  Droits de l'homme en Éthiopie, vers les années 1880-2002


Conquête,Tyrannie,Ethocide, Oromo, Evaluation, Historique, Condition, Droits, Homme, Éthiopie. L'Abba Gada était une autorité centrale, une tête politique unique et le porte-parole de la confédération. Sa résidence était le siège du gouvernement et la capitale de la confédération. L'assemblée se tenait dans la chafe (la prairie) sous l'ombre de l'oda ( «le sycomore sacré») qui donne la vie, qui était traditionnellement considéré comme le plus «respecté» et le plus «sacré» des arbres, l'ombre qui était la source de la paix et le centre de la religion. L'ombre de l'oda était non seulement l'«office du gouvernement," le lieu de rencontre des anciens de la confédération, mais aussi le lieu sacré pour les devoirs religieux. Par conséquent, tous les sacrifices entrepris par la classe gada étaient effectués à cet endroit. Lorsque le gouvernement était réuni sous l'oda, l'Abba Gada était assis sur la droite et les autres dignitaires sur la gauche, par ancienneté de la tribu ou du clan et de l'âge des participants.
Oda, le « saint » sycomore


Conquête, Tyrannie et Ethnocide Contre les Oromo: une Évaluation Historique de la Conditions des  Droits de l'homme en Éthiopie, vers les années 1880-2002
Palais de Makonnen Wolde Mikael à Harar. Général et le gouverneur de la province d'Harar en Éthiopie. Père de Tafari Mäkonnen (Haile Selassie I). 8 mai 1852 – 21 mars 1906.



Un autre article sur l'histoire des Oromo d'Étiopie, en français vous attend sur: http://lemmioromo.blogspot.com/




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